Le Salvador doit abroger la loi d’amnistie

Amnesty International a exhorté ce mardi 23 mars 2010 les autorités salvadoriennes à abroger une loi d’amnistie qui protège les responsables de milliers de disparitions forcées et d’homicides perpétrés durant le conflit armé qui a fait rage dans le pays pendant 12 ans, y compris les meurtriers de l’archevêque catholique Monseigneur Romero le 24 mars 1980. L’organisation a également demandé aux forces de sécurité salvadoriennes de coopérer pleinement à toutes les enquêtes en permettant d’accéder librement à leurs dossiers. « Il est inacceptable que les responsables de milliers de disparitions forcées, d’homicides et d’actes de torture n’aient pas à répondre de leurs crimes, a déclaré Kerrie Howard, directrice adjointe du programme Amériques d’Amnesty International. Il convient d’abroger de toute urgence la loi d’amnistie et de diligenter des enquêtes approfondies. » Monseigneur Oscar Arnulfo Romero a été abattu alors qu’il célébrait la messe dans la chapelle d’un hôpital. Lors de ses funérailles le 30 mars 1980, plus de 20 de ses fidèles ont été tués par l’armée. Un rapport publié par la Commission de la vérité salvadorienne en 1992 a conclu que des éléments tendaient à prouver que l’ancien major Roberto D’Aubuisson, aujourd’hui décédé, avait donné l’ordre à des membres des services de sécurité agissant en escadron de la mort d’assassiner Monseigneur Romero. En 1993, une loi d’amnistie générale a été promulguée, accordant l’immunité de poursuites aux auteurs de ces crimes. Personne n’a été traduit en justice pour les violations des droits humains commises durant le conflit. Le Salvador a reconnu devant la Commission interaméricaine des droits de l’homme en 2009 sa responsabilité internationale dans la mort de Monseigneur Romero. Toutefois, aucune mesure n’a été prise en vue d’enquêter sur ce meurtre. Des milliers de Salvadoriens ont disparu, ont été assassinés, violés ou recrutés de force comme enfants soldats durant le conflit armé. De 1980 à 1992, le Salvador a été le théâtre d’un conflit armé acharné marqué par des violations graves et massives des droits humains, en particulier des exécutions extrajudiciaires et d’autres homicides illégaux, des disparitions forcées et la pratique de la torture. Parmi les victimes figurent des défenseurs des droits humains, des syndicalistes, des avocats, des journalistes, des opposants du gouvernement (réels ou présumés) et, pour la grande majorité, des civils innocents qui ne prenaient pas directement part aux hostilités. Les forces armées ont pris pour cibles des villages entiers dont ils ont massacré les habitants. Des enfants ont été victimes de disparitions forcées, ont été tués, adoptés au Salvador ou à l’étranger, ou placés dans des orphelinats, voire des casernes. Dans de nombreux cas, on leur a dit qu’ils avaient été abandonnés par leurs parents. L’armée salvadorienne a commis des violations des droits humains mais un grand nombre des homicides perpétrés durant cette période sont à mettre au compte des escadrons de la mort. L’opposition armée, le Front Farabundo Martí de libération nationale (FMLN), s’est également rendue responsable d’un certain nombre d’exactions.