Géorgie. Descente de police au siège d’un parti d’opposition pour arrêter son chef Nika Melia

Mardi 23 février, la police géorgienne a effectué une descente au siège du Mouvement national uni (MNU) à Tbilissi et arrêté le chef de ce parti d’opposition, Nika Melia, ainsi que plusieurs dizaines d’autres personnes. Les policiers auraient utilisé des matraques et des produits chimiques irritants contre des sympathisants du MNU qui tentaient, semble-t-il, de bloquer leur entrée dans l’immeuble. Denis Krivocheïev, directeur adjoint pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale à Amnesty International, a déclaré :

« Nika Melia et une vingtaine d’autres personnes ont été arrêtés tôt ce matin dans une ambiance chaotique, la police ayant fait usage de gaz lacrymogène ou de gaz poivre, selon les informations recueillies, pour procéder à son arrestation. La semaine dernière, un recours a été déposé contre une décision de justice ordonnant le placement en détention provisoire de Nika Melia, accusé d’incitation à la violence lors de manifestations antigouvernementales en 2019. Son arrestation, violente qui plus est, avant l’examen de ce recours montre le mépris flagrant des autorités géorgiennes pour l’état de droit et l’autorité et l’intégrité de la justice, et laisse penser qu’elle est motivée par des considérations politiques.

Son arrestation, violente qui plus est, avant l’examen de ce recours montre le mépris flagrant des autorités géorgiennes pour l’état de droit et l’autorité et l’intégrité de la justice, et laisse penser qu’elle est motivée par des considérations politiques.

Denis Krivocheïev, directeur adjoint pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale à Amnesty International

« Cette descente brutale a eu lieu alors que la police a employé la force de manière excessive et sans discernement à l’égard de manifestants majoritairement pacifiques en 2019. Les tentatives des autorités géorgiennes visant à poursuivre en justice des opposants politiques en raison de leur rôle dans les manifestations de 2019 paraissent motivées par des considérations politiques et évoquent une répression de l’opposition et des critiques. Les autorités doivent respecter, protéger, promouvoir et concrétiser pleinement et efficacement les droits humains de toutes les personnes. »

Cette descente brutale a eu lieu alors que la police a employé la force de manière excessive et sans discernement à l’égard de manifestants majoritairement pacifiques en 2019.

Denis Krivocheïev

Complément d’information

En juin 2019, des manifestations contre le gouvernement et la Russie ont éclaté à Tbilissi, après qu’un député russe a occupé le siège du président du Parlement géorgien lors d’une rencontre annuelle de l’Assemblée interparlementaire sur l’orthodoxie. La police a employé la force sans discernement et de manière excessive pour disperser une manifestation antigouvernementale rassemblant des milliers de personnes à Tbilissi le 20 juin, y compris en tirant des balles en caoutchouc et du gaz lacrymogène. Quelque 240 personnes ont été blessées, dont certaines grièvement. Plus de 100 participant·e·s ont été arrêtés pour agression sur des policiers et entrave au maintien de l’ordre ; la plupart ont été libérés après avoir passé jusqu’à 15 jours en détention administrative. D’autres manifestations se sont déroulées à la fin de l’année, lors desquelles la police a employé la force sans discernement, notamment en utilisant des canons à eau par des températures glaciales.

Les autorités ont ouvert une enquête pénale sur ces événements et engagé des poursuites contre 17 manifestant·e·s, dont un parlementaire de l’opposition, accusés d’avoir participé à des violences collectives ou de les avoir organisées. Quatre policiers ont également été poursuivis pour des faits liés à un usage disproportionné de la force. Nika Melia, qui se trouvait sur les lieux des manifestations, a été inculpé d’incitation à la violence. Sur une vidéo, on le voit appeler les gens à entrer dans le parlement « pacifiquement et les mains en l’air ». Cependant, de violents affrontements ont eu lieu lorsque la police a empêché les manifestants de pénétrer dans le bâtiment.

L’ancien Premier ministre, Giorgi Gakharia, a démissionné la semaine dernière en réponse à la décision de justice du 17 février ordonnant le placement en détention de Nika Melia. Il a déclaré qu’arrêter le chef de l’opposition risquait d’aggraver encore la crise politique et de menacer le bien-être de la population.