En réaction à l’homicide d’au moins 100 personnes par des assaillants armés dans la région de Benishangul-Gumuz en Éthiopie au matin du 23 décembre, Netsanet Belay, directeur de la recherche et du plaidoyer à Amnesty International, a déclaré :
« Cette attaque brutale contre des habitant·e·s amhara, oromo et shinasha de villages de la région de Benishangul-Gumuz souligne qu’il est urgent que le gouvernement éthiopien agisse pour mettre fin aux violences contre les minorités ethniques.
« Amnesty International s’est entretenue par téléphone de manière indépendante avec cinq personnes ayant survécu à l’attaque et avec un responsable du district de Bulen, qui ont tous décrit comment des membres armés de la communauté gumuz avaient attaqué des maisons de personnes appartenant aux communautés amhara, oromo et shinasha à partir de 5 heures du matin le 23 décembre. Les assaillants ont incendié des maisons et ont poignardé et tiré sur des personnes.
« Au moins 100 morts ont été dénombrées jusqu’à présent. Alors que des dizaines de personnes sont toujours portées disparues et que des maisons brûlent encore, le bilan risque de s’alourdir et une enquête doit être menée de toute urgence sur cette effroyable attaque. Les responsables présumés doivent être traduits en justice et les autorités éthiopiennes doivent établir sans ambiguïté que ce genre de violence ne saurait être toléré.
« Si Amnesty International n’est pas en mesure de vérifier l’identité des responsables, cette attaque semble néanmoins s’inscrire dans une série d’attaques prenant pour cible des personnes appartenant à des minorités ethniques dans la région. Depuis septembre 2020, des vagues de violences se sont succédé au cours desquelles des habitant·e·s de la région de Benishangul-Gumuz appartenant aux communautés amhara, shinasha, oromo et agew ont été pris pour cible.
« En septembre, des personnes armées ont mené de nombreuses attaques contre des habitant·e·s amhara et agew de la région de Benishangul, faisant 45 morts et déplaçant des milliers de personnes. L’attaque d’aujourd’hui survient moins de 24 heures après que le Premier ministre éthiopien ait discuté des mesures de sécurité et de réconciliation dans la région de Benishangul-Gumuz, mesures qui se trouvent compromises par ce massacre. »
D’après la Commission éthiopienne des droits humains, au moins 34 personnes appartenant aux communautés amhara et agew ont été tuées par des forces armées gumuz alors qu’elles voyageaient en bus dans le district de Dibate dans la région de Benishangul-Gumuz en novembre 2020. Les assaillants armés désignent les membres des minorités n’appartenant pas à la communauté ethnique gumuz sous le nom de « Qey » (qu’on peut traduire littéralement par « rouge »), dans ce qui semble être une référence à leur couleur de peau claire.
Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed se trouvait à Metekel le 22 décembre pour discuter avec des responsables régionaux de la manière de résoudre les violences répétées ciblant les minorités ethniques dans la région, qui sont perçues comme des « colons » par des membres de la communauté gumuz.