Pérou. Amnesty International réunit des informations sur les cas de recours excessif à la force par la police nationale

En vérifiant immédiatement des preuves audiovisuelles, Amnesty International a pu confirmer la véracité des documents montrant la police nationale utiliser une force excessive et inutile lors des manifestations liées à la crise politique au Pérou.

« Les vidéos qu’Amnesty International a vérifiées numériquement prouvent incontestablement que la police recourt à la violence contre la population au lieu de la protéger », a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice pour les Amériques à Amnesty International.

Selon les informations qui ont été reçues, depuis le 10 novembre 2020, plus de 15 personnes ont été blessées, et au moins trois d’entre elles ont subi de graves blessures par balle, principalement dans le contexte des manifestations de masse qui ont eu lieu le 12 novembre dans plusieurs villes à travers le pays.

Les vidéos qu’Amnesty International a vérifiées numériquement prouvent incontestablement que la police recourt à la violence contre la population au lieu de la protéger.

Erika Guevara-Rosas, directrice pour les Amériques à Amnesty International

Amnesty International a également reçu des informations faisant état d’arrestations arbitraires opérées par des agents de la police nationale habillés en civil qui ont refusé de donner leur identité, et de mauvais traitements commis par les forces de sécurité.

La police nationale a indiqué que 11 policiers ont été blessés par des objets contondants, et déclaré qu’un nombre indéterminé de personnes ont été arrêtées pour « troubles à l’ordre public, agression et résistance à l’autorité ».

En ce qui concerne les cas qu’Amnesty International a été en mesure de vérifier, des policiers ont, de façon inutile et disproportionnée, tiré avec leurs armes à feu, lancé des gaz lacrymogènes et frappé ou maîtrisé de façon violente des personnes, leur infligeant des blessures et violant les normes internationales relatives aux droits humains.

Dans la nuit du 12 novembre, plusieurs policiers ont tiré directement sur des personnes pendant une manifestation non loin de la Cour supérieure de justice de Lima. Dans une vidéo, on voit des policiers qui ont formé un barrage tirer des munitions indéterminées à quatre reprises, et l’un d’eux crie « tue-le, tue-le ». Dans une autre vidéo concernant les mêmes faits, le même groupe de policiers tire plusieurs fois sur un groupe de personnes, et dans une autre vidéo encore, un policier tire à faible distance en direction d’un groupe de personnes.

« Cette crise politique génère une crise des droits humains en raison de la violente répression des manifestations. Les autorités doivent privilégier la protection de la population, en la faisant passer avant tout intérêt politique », a déclaré Marina Navarro, directrice d’Amnesty International Pérou.

Les autorités doivent immédiatement mettre fin à la répression des manifestations, garantir le droit de manifester pacifiquement et enquêter sans délai et de façon exhaustive, indépendante et impartiale sur toutes les allégations de violations des droits humains signalées au cours de cette crise, en particulier en ce qui concerne celles qui ont été commises par les forces de sécurité.

Cette crise politique génère une crise des droits humains en raison de la violente répression des manifestations. Les autorités doivent privilégier la protection de la population, en la faisant passer avant tout intérêt politique.

Marina Navarro, directrice d’Amnesty International Pérou

Amnesty International insiste sur le fait que le rôle des journalistes et des défenseur·e·s des droits humains est fondamental dans ce contexte, et condamne avec la plus grande fermeté les menaces et les manœuvres d’intimidation qui ont été signalées visant les membres de la Coordination nationale des droits humains. Quatre journalistes au moins ont été blessés lors de la répression des manifestations.

L’organisation demande aux autorités judiciaires de ne pas appliquer la Loi sur la protection de la police (n° 3110) qui permet, en violation du droit international relatif aux droits humains, que des faits de recours excessif à la force par la police nationale restent impunis.