Pakistan. Un an après la disparition d’Idris Khattak, les autorités doivent révéler où il se trouve

Les autorités pakistanaises doivent immédiatement divulguer où se trouve Idris Khattak et lever le secret entourant cette affaire, a déclaré Amnesty International à l’occasion du premier anniversaire de la disparition de ce défenseur des droits humains de premier plan.

Idris Khattak a beaucoup œuvré afin de combattre les disparitions forcées, notamment aux côtés d’Amnesty International. Nul ne l’a revu depuis son enlèvement, alors qu’il était en route vers son domicile à Peshawar le 13 novembre 2019, de retour d’Islamabad. Le 16 juin 2020, plus de six mois après sa disparition, et à la suite d’une campagne publique menée par sa famille, le ministère pakistanais de la Défense a confirmé qu’Idris Khattak se trouvait en détention sous sa responsabilité et qu’il avait été accusé de trahison en vertu de La loi relative aux secrets d’État, charge passible de la peine de mort. Le ministère a également déclaré qu’il serait jugé devant un tribunal militaire.

Un an après qu’Idris Khattak a été arraché à sa famille, celle-ci ne dispose toujours d’aucune information sur le lieu où il se trouve, son état de santé ni la procédure entamée contre lui, si tant est qu’il y en ait une.

Omar Waraich, directeur pour l’Asie du Sud à Amnesty International

« Un an après qu’Idris Khattak a été arraché à sa famille, celle-ci ne dispose toujours d’aucune information sur le lieu où il se trouve, son état de santé ni la procédure entamée contre lui, si tant est qu’il y en ait une. Les autorités pakistanaises doivent faire cesser cette situation intolérable, en révélant où il se trouve et en lui permettant de s’entretenir régulièrement avec sa famille et son avocat », a déclaré Omar Waraich, directeur pour l’Asie du Sud à Amnesty International.

« Comme dans tous les cas de disparitions forcées, le statut d’Idris Khattak est entouré d’un silence inacceptable. Aucune information n’a été communiquée sur la nature des charges retenues contre lui, ni sur l’éventuelle assistance juridique dont il bénéficie. On ignore même si son procès a déjà commencé. À titre de première étape, les autorités pakistanaises doivent le faire comparaître devant un tribunal civil afin qu’un juge puisse se prononcer sur la légalité de son arrestation et de son maintien en détention. »

Amnesty International déplore vivement le recours à un tribunal militaire, compte tenu du mépris de ces instances pour les droits de la défense, les droits humains et le principe de transparence. Par ailleurs, la Loi relative aux secrets d’État peut uniquement être invoquée dans le but de poursuivre des représentant·e·s de l’État, pas des civil·e·s.

Idris Khattak souffre de diabète et de problèmes de dos. On ne sait pas s’il reçoit les soins dont il a besoin en détention.

« Bien que le gouvernement ait menacé de sévir, les disparitions forcées restent monnaie courante au Pakistan. Les autorités ont ouvertement reconnu qu’Idris Khattak avait été enlevé. Les responsables présumés bénéficient pour l’instant de l’impunité la plus totale », a déclaré Omar Waraich.

« Le gouvernement pakistanais doit immédiatement ériger cette pratique cruelle en infraction, comme il s’y est engagé. »

Complément d’information

Le 13 novembre 2019, Idris Khattak se trouvait à bord d’une voiture de location lorsque celle-ci a été interceptée près de l’échangeur autoroutier de Swabi, dans la province de Khyber Pakhtunkhwa. Selon la demande soumise par sa famille pour l’enregistrement de l’enquête de police, quatre hommes en civil ont mis un sac noir sur la tête d’Idris Khattak et du chauffeur du véhicule, et les ont emmenés dans un lieu tenu secret. On n’a appris leur enlèvement que lorsque le chauffeur a été remis en liberté durant la nuit du 15 novembre.

En dépit d’une promesse faite par le gouvernement actuel lors des élections, nous n’avons noté aucune avancée vers l’éradication de la disparition forcée ni vers sa criminalisation. La ministre des droits humains, Shireen Mazari, a déclaré sur Twitter en septembre que le Premier ministre, Imran Khan, estimait que cette pratique était « inacceptable ». Il n’y a pas eu d’autre progrès sur ce terrain, malgré de vives réprimandes de la part de la haute cour d’Islamabad.