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Clément Dembélé avait appelé les forces de l’ordre à ne pas utiliser la violence contre les manifestants
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Il a été enlevé par huit agents armés et détenu pendant 12 jours
Le procès qui s’ouvre ce matin au Mali, d’un militant anti-corruption, pour ‘incitation aux forces de défense et de sécurité afin de les détourner de leurs devoirs et de l’obéissance qu’ils doivent à leurs chefs’, doit aboutir à l’abandon de toutes les charges, a déclaré Amnesty International.
Le professeur Clément Dembélé, membre de la Plateforme contre la corruption et le chômage (PCC) qui comparaît libre aujourd’hui a été enlevé par huit agents armés de la Direction générale de la sécurité d’État (DGSE), le 9 mai dernier et détenu jusqu’au 21. Ce n’est qu’après ces 12 jours de détention illégale qu’il a été provisoirement libéré puis accusé d’« incitation aux forces de défense et de sécurité afin de les détourner de leurs devoirs et de l’obéissance qu’ils doivent à leurs chefs ».
Les méthodes d’interpellation de ce militant anti-corruption qui a été forcé de sortir de sa voiture sous la menace d'une arme à feu et conduit vers une destination inconnue par des agents de la Direction générale de la sécurité d’État sont illégales, et sa détention était arbitraire.
Ousmane Diallo, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.
« Les méthodes d’interpellation de ce militant anti-corruption qui a été forcé de sortir de sa voiture sous la menace d’une arme à feu et conduit vers une destination inconnue par des agents de la Direction générale de la sécurité d’État sont illégales, et sa détention était arbitraire, » a déclaré Ousmane Diallo, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.
« Nul ne devrait être poursuivi pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression. Son procès qui s’ouvre ce matin doit aboutir à l’abandon des charges qui pèsent contre lui. »
La détention de Clément Dembélé faisait suite à la publication d’une vidéo sur Facebook le 8 mai. Il appelait les forces de l’ordre à ne pas faire usage de violence à l’égard des manifestants à Sikasso, une ville du sud. Les manifestations du 7 mai pour protester contre les résultats électoraux invalidés par la Cour constitutionnelle, dans le cadre des élections législatives, ont eu de nombreux blessées et la mort plus tard, de l’un d’entre eux.
Amnesty International estime que l’enlèvement et la détention de Clément Dembélé s’inscrivent dans une procédure en violation du droit à un procès équitable tel que garanti par le Code de procédure pénale du Mali et le droit international.
Clément Dembélé n’a pas été informé des raisons de son arrestation, aucune charge ne lui a été notifiée au moment de son enlèvement ni durant sa détention. Durant sa détention illégale, il a été privé des conseils de ses avocats et de soins médicaux.