Iran. On craint que le champion de lutte Navid Afkari soit exécuté en secret à tout moment

Il faut que les autorités iraniennes révèlent immédiatement ce qu’il est advenu de Navid Afkari, un champion de lutte qui risque d’être exécuté en secret à tout moment, et où il se trouve, a déclaré Amnesty International le 11 septembre 2020. L’organisation a également appelé la communauté internationale, y compris les organes des Nations unies chargés de la protection des droits humains et les États membres de l’Union européenne (UE), à intervenir de toute urgence.

Selon les informations qu’Amnesty International a obtenues récemment, Navid Afkari a eu un bref échange téléphonique avec sa famille le 6 septembre, au cours duquel il a pu indiquer qu’il était détenu dans un quartier de haute sécurité de la prison d’Adelabad, à Chiraz, où les conditions étaient difficiles, avant que la communication soit coupée.

Amnesty International appelle la communauté internationale, y compris les organes des Nations unies chargés de la protection des droits humains et les États membres de l’UE à intervenir de toute urgence et à exiger des autorités iraniennes qu’elles révèlent immédiatement ce qu’il est advenu des trois frères et où ils se trouvent, et d’empêcher l’exécution de Navid Afkari.

Diana Eltahawy, directrice régionale adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnesty International

Sa famille est sans nouvelles de lui depuis lors et les autorités refusent de fournir des informations au sujet de cet homme et de ses deux frères, Vahid Afkari et Habib Afkari, également incarcérés à la prison d’Adelabad.

Il y a quelques semaines, la demande déposée par Navid Afkari en vue du réexamen de sa condamnation à mort par une autorité judiciaire a été rejetée sommairement par la Cour suprême. Étant donné que les autorités iraniennes ont déjà procédé à des exécutions en secret après avoir transféré des personnes de leur lieu de détention habituel et refusé d’indiquer à leur famille ce qu’il était advenu d’elles et où elles se trouvaient, Amnesty International craint que Navid Afkari soit exécuté en secret.

« Amnesty International appelle la communauté internationale, y compris les organes des Nations unies chargés de la protection des droits humains et les États membres de l’UE à intervenir de toute urgence et à exiger des autorités iraniennes qu’elles révèlent immédiatement ce qu’il est advenu des trois frères et où ils se trouvent, et d’empêcher l’exécution de Navid Afkari, a déclaré Diana Eltahawy, directrice régionale adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnesty International.

« Ces frères sont les dernières victimes en date d’un système judiciaire profondément défaillant et leur cas est une preuve supplémentaire que les tribunaux iraniens s’appuient systématiquement sur des “aveux” obtenus sous la torture ou au moyen d’autres formes de mauvais traitements pour prononcer des condamnations, ce qui est contraire au droit international. »

Le 3 septembre 2020, Navid Afkari, qui se trouvait alors dans l’unité générale de la prison, a été transféré par les autorités pénitentiaires dans un lieu inconnu. Ce transfèrement a eu lieu après qu’un enregistrement vocal de Navid Afkari suppliant la communauté internationale de lui venir en aide a fait le tour des réseaux sociaux, suscitant un tollé mondial.

Ses deux frères, Vahid Afkari et Habib Afkari, ont également été transférés avec violence par les autorités pénitentiaires, de l’unité générale vers un lieu inconnu, deux jours plus tard.

Ces frères sont les dernières victimes en date d’un système judiciaire profondément défaillant et leur cas est une preuve supplémentaire que les tribunaux iraniens s’appuient systématiquement sur des “aveux” obtenus sous la torture ou au moyen d’autres formes de mauvais traitements pour prononcer des condamnations, ce qui est contraire au droit international.

Diana Eltahawy, directrice régionale adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnesty International

Condamné à mort

Navid Afkari a été arrêté le 17 septembre 2018. Il a été condamné à mort à deux reprises – la première fois par un tribunal pénal à titre de qisas (« réparation ») et la seconde par un tribunal révolutionnaire pour mohareb (« inimitié à l’égard de Dieu ») – pour l’homicide d’un agent du renseignement, qui a eu lieu le 2 août 2018 à Chiraz.

Ses frères Vahid et Habib ont été condamnés respectivement à 56 ans et six mois et à 24 ans et trois mois d’emprisonnement, ainsi qu’à 74 coups de fouet chacun, dans le cadre de la même affaire d’homicide et pour des infractions liées à la « sécurité nationale » en rapport avec les manifestations nationales qui se sont déroulées en décembre 2017-janvier 2018 et en août 2018.

Les trois frères ont fait l’objet de plusieurs procédures pénales, toutes manifestement iniques et reposant sur des « aveux » forcés qui, selon eux, ont été obtenus sous la torture. Aucun des juges présidant les cours qui ont examiné leurs affaires n’a ordonné d’enquête sur les allégations de torture. Les trois frères ont toujours clamé leur innocence.

Le 5 septembre 2020, les « aveux » forcés de Navid Afkari ont été diffusés à la télévision d’État par l’organe de télédiffusion de la République islamique d’Iran dans une vidéo de propagande, dont l’objectif était de justifier la condamnation à mort de cet homme et de détourner l’attention des graves allégations de torture et d’autres formes de mauvais traitements qu’il a formulées.

Depuis longtemps, les autorités iraniennes se servent de la télévision d’État pour produire et diffuser des déclarations extorquées à des victimes de violations des droits humains sous la torture ou au moyen d’autres formes de mauvais traitements et les intégrer dans des vidéos de propagande, qui déforment la réalité de ces violations perpétrées par les autorités ou tentent de les justifier.

Amnesty International s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, quelles que soient la nature du crime commis, les caractéristiques de son auteur et la méthode d’exécution utilisée par l’État. Cette sanction viole le droit à la vie tel qu’il est proclamé par la Déclaration universelle des droits de l’homme et constitue le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit.