En réaction aux informations selon lesquelles Facebook a donné une suite favorable à des demandes de censure en provenance des autorités thaïlandaises, la directrice par interim d’Amnesty Tech Rasha Abdul-Rahim a déclaré :
« En cédant encore aux demandes abusives d’un gouvernement répressif tout en invoquant mollement les droits humains, Facebook crée un nouveau précédent dangereux pour la liberté d’expression en ligne. Facebook doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour résister aux demandes arbitraires de censure que lui adressent les autorités thaïlandaises. Les droits humains, et non l’accès à un marché, doivent être la priorité absolue.
« Que la compagnie envisage maintenant de remettre en cause les demandes de censure du gouvernement devant la justice est une bonne nouvelle, mais le mal a été fait : Facebook n’aurait pas dû, dès le départ, accéder aux demandes du gouvernement.
« Les menaces d’action en justice contre Facebook proférées par le gouvernement thaïlandais pour contraindre la compagnie à coopérer à la censure en ligne constituent une nouvelle attaque contre la liberté d’expression en ligne. Comme un rapport d’Amnesty International l’a montré en avril 2020, la Thaïlande a élaboré un faisceau de textes de loi formulés dans des termes vagues et menaçants pour faire peur aux personnes utilisant les réseaux sociaux.
« Les autorités thaïlandaises doivent cesser de harceler les personnes qui protestent pacifiquement, que ce soit en ligne ou dans la rue. Alors que le mouvement de protestation prend de l’ampleur, nous demandons instamment aux autorités de s’engager dans un dialogue constructif et de respecter les droits à la liberté d’expression et d’association. »
Complément d’information
Le 25 août 2020, Facebook a annoncé que la compagnie avait accédé à contrecœur à une demande des autorités thaïlandaises de restreindre l’accès à du contenu. Dans une déclaration, une des personnes porte-parole de Facebook a déclaré que la demande des autorités thaïlandaises était « contraire au droit international relatif aux droits humains » et avait « un effet dissuasif sur la capacité des personnes à exprimer leur point de vue ». Ajoutant, « nous voulons défendre et protéger les droits de toutes les personnes qui utilisent l’internet et nous apprêtons à remettre en cause cette demande devant la justice ». Cependant, la nature de cette action en justice n’a pas été précisée.
En avril 2020, Amnesty International a publié un rapport intitulé They are always watching, dans lequel l’organisation montre comment, dans le cadre d’une campagne systématique pour écraser l’opposition, les autorités thaïlandaises ont poursuivi en justice des personnes ayant critiqué le gouvernement et la monarchie sur les réseaux sociaux.
En avril également, Facebook avait annoncé que la compagnie avait accepté, à la demande des autorités vietnamiennes, de retirer du contenu considéré comme critique à l’égard du gouvernement.