Les autorités pakistanaises doivent immédiatement mettre fin à la répression des manifestations étudiantes pacifiques, a déclaré Amnesty International dimanche 1er décembre.
L’appel lancé par des organisations de défense des droits humains est intervenu à la suite des poursuites engagées au pénal par la police contre des militants qui ont soutenu la « Marche de la solidarité étudiante » et de l’arrestation arbitraire d’Alamgir Wazir, l’un des manifestant·e·s.
« La répression des manifestations étudiantes viole de manière éhontée les droits des étudiant·e·s à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique. Les charges retenues contre les organisateurs de ce mouvement doivent être abandonnées, et toutes les personnes arrêtées en raison de leur participation pacifique aux manifestations doivent être relâchées immédiatement et sans condition », a déclaré Rabia Mehmood, chargée de recherche sur l’Asie du Sud à Amnesty International.
La répression des manifestations étudiantes viole de manière éhontée les droits des étudiant·e·s à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique.
Rabia Mehmood, chargée de recherche sur l’Asie du Sud à Amnesty International
Cette répression fait suite aux défilés pacifiques de solidarité étudiante organisés à travers le Pakistan pour réclamer le droit de former des syndicats étudiants et la fin du harcèlement des étudiants, entre autres revendications.
Alamgir Wazir a été arrêté sur le campus de l’Université du Pendjab, à Lahore, le 30 novembre 2019, et l’on ignore depuis où il se trouve. Il est le neveu d’Ali Wazir, député et dirigeant du Pashtun Tahaffuz Movement (Mouvement pour la protection des Pachtounes), un mouvement non violent qui demande que cessent les disparitions forcées, les exécutions extrajudiciaires et les autres violations des droits humains commises contre la minorité ethnique pachtoune au Pakistan.
Les quatre autres militants cités dans le rapport de la police – Ammar Ali Jan, Farooq Tariq, Muhammad Shabbir, Kamil Khan et Iqbal Lala – risquent d’être arrêtés de façon imminente. Ammar Ali Jan, Farooq Tariq, Muhammad Shabbir et Kamil Khan sont des militants politiques. Iqbal Lala est le père de Mashal Khan, un étudiant qui a été tué dans son université parce que d’autres étudiants l’avaient accusé de blasphème.
Ces cinq militants ont été inculpés de « sédition », de « nuisance » et de « nuisance persistante » au titre de dispositions draconiennes du Code pénal dont l’origine remonte au régime colonial britannique. Ils sont également inculpés de violation de la Loi relative (à la réglementation) des systèmes de sonorisation au Pendjab – une infraction excluant une libération sous caution et pouvant entraîner une peine de six mois d’emprisonnement et/ou une peine d’amende.
« Les lois draconiennes invoquées contre ces manifestants pacifiques n’ont pas leur place dans une société moderne respectueuse des droits des personnes ; elles appartiennent à un lointain passé et représentent les vestiges du régime colonial britannique vicié. Les autorités pakistanaises ont l’obligation de respecter et protéger les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique », a déclaré Rabia Mehmood.
Complément d’information
Les défilés de solidarité étudiante, qui ont eu lieu à travers le Pakistan le 29 novembre 2019, ont été organisés pour réclamer une diminution des frais d’inscription et la fin de la surveillance des étudiants sur le campus et en dehors du campus, la fin de la violence sur les campus, la fin du harcèlement sexuel sur les campus, l’adoption de mesures pour traiter les plaintes pour harcèlement sexuel, la fin de la privatisation des établissements universitaires, et le rétablissement des syndicats étudiants au Pakistan.