COP25. Les pays industrialisés font payer aux plus pauvres du monde le prix fort du changement climatique

Alors que les négociations s’achèvent dans le cadre du Sommet de l’ONU sur le climat à Madrid – la COP 25, la réunion des États parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques – Chiara Liguori, conseillère politique en matière de crise climatique à Amnesty International, a déclaré :

« Du Mozambique aux Philippines, des gens perdent la vie, leurs maisons et leurs moyens de subsistance dans des catastrophes causées ou exacerbées par la crise climatique, lors même que leur pays y contribue bien peu. Parallèlement, les pays riches industrialisés qui tirent profit d’un point de vue économique depuis plus d’un siècle d’émissions croissantes, tout en étant bien moins touchés par leurs effets néfastes, se satisfont d’être des profiteurs mondiaux, les coûts en étant supportés par les pays en développement.

« Il n’est pas trop tard pour que les pays industrialisés fassent ce qui est correct et assument leur part équitable afin de respecter les droits à la vie, à l’alimentation et d’autres droits fondamentaux des personnes les plus touchées par les répercussions du changement climatique. Ils doivent acter la création d’un dispositif international de financement effectif et équitable qui fournira des fonds supplémentaires aux populations touchées dans les pays en développement.

« En outre, les négociateurs sont sur le point de se mettre d’accord sur des règles de compensation carbone qui ne constitueront pas une protection suffisante contre les projets qui bafouent les droits humains. Elles autoriseraient, par exemple, des projets d’atténuation du changement climatique dans les territoires de populations indigènes contre leur volonté. Il vaut mieux ne pas parvenir à un accord que d’adopter des règles susceptibles de nuire aux populations et ne débouchant pas sur des réductions ambitieuses des émissions de gaz à effet de serre. »

Complément d’information

Amnesty International préconise que la décision finale de la Conférence demande aux États de renforcer leurs plans nationaux sur le climat en 2020 tout en veillant à ce qu’ils portent une haute ambition et limitent l’augmentation de la température mondiale moyenne à un maximum de 1,5°C. Il importe d’inviter les États à élaborer et appliquer ces plans dans une démarche participative qui fasse progresser, et non reculer, les droits humains. L’urgence climatique est l’une des pires menaces de notre ère pour les droits humains – ses effets étant synonymes de famine, de pauvreté et de sans-abris dans de vastes zones du globe. Amnesty International demande aux États de faire de 2020 l’année où ils changeront de cap et s’écarteront de cette catastrophe.

À la COP 25, Amnesty International invite les gouvernements à :

  • s’engager pour des actions pour le climat ambitieuses afin de rester sous le seuil d’une augmentation de la température mondiale de 1,5 °C ;
  • veiller à ce que les règles de compensation carbone débattues ne permettent pas de bafouer les droits humains, par exemple en s’abstenant d’expulser les peuples autochtones de leurs terres au nom de la protection de la forêt ;
  • travailler en coopération afin de partager équitablement la charge du changement climatique : les pays riches doivent aider les autres à faire la transition et fournir des financements alloués aux dégâts dans les pays pauvres ;
  • veiller à ce que l’égalité des genres et les droits des groupes marginalisés soient partie intégrante des politiques climatiques et à ce que les citoyens puissent participer à la prise des décisions qui les affectent.