Arabie saoudite. Les leaders du G20 doivent évoquer le bilan désastreux en termes de droits humains alors que le royaume endosse la présidence

Les dirigeants du monde ne doivent pas fermer les yeux sur le bilan désastreux du royaume en termes de droits humains, alors que l’Arabie saoudite accède à la présidence du forum économique mondial du G20, a déclaré Amnesty International le 29 novembre 2019. L’Arabie saoudite assume la présidence du G20 à partir du 1er décembre et jusqu’au sommet de 2020 qui se déroulera à Riyadh.

Amnesty International demande aux États membres du G20 de faire pression sur les autorités saoudiennes pour qu’elles s’engagent à mettre fin à leur politique qui se traduit par des violations flagrantes des droits humains. Les États membres du G20 qui continuent de tirer profit du commerce des armes avec l’Arabie saoudite, notamment les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, doivent réaliser à quel point ils se rendent complices de ces violations commises par la coalition que dirige l’Arabie saoudite dans le cadre du conflit au Yémen et doivent suspendre ces transferts d’armes jusqu’à ce que ces violations prennent fin.

Les leaders du G20 ne doivent pas fermer les yeux sur le bilan déplorable du royaume en termes de droits humains au nom de juteuses relations commerciales.

Heba Morayef, directrice du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient à Amnesty International

« L’Arabie saoudite accède à la présidence du G20 un peu plus d’un an après l’assassinat sordide de Jamal Khashoggi, alors qu’une nouvelle vague d’arrestations arbitraires vise les critiques pacifiques du régime et que de nombreux défenseurs des droits humains se trouvent déjà derrière les barreaux. Les dirigeants du G20 doivent faire pression sur le prince héritier Mohammed ben Salmane pour qu’il garantisse le respect de tous les droits fondamentaux, notamment des droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique, a déclaré Heba Morayef, directrice du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient à Amnesty International.

Comment un pays présentant un bilan aussi désastreux en termes de droits humains sur son propre territoire pourrait-il assurer le respect de ces droits dans le cadre d’un forum international aussi important ?

Heba Morayef, Amnesty International

« Les leaders du G20 ne doivent pas fermer les yeux sur le bilan déplorable du royaume en termes de droits humains au nom de juteuses relations commerciales. Il incombe à l’Arabie saoudite, en tant que présidente, de veiller à ce que les questions qu’elle inscrit à l’ordre du jour du G20 fassent l’objet de réponses permettant de réaliser les Objectifs de développement durable, notamment la croissance économique partagée, la lutte contre les changements climatiques, la sécurité énergétique, hydrique et alimentaire, et l’autonomisation des femmes. Comment un pays présentant un bilan aussi désastreux en termes de droits humains sur son propre territoire pourrait-il assurer le respect de ces droits dans le cadre d’un forum international aussi important ? »

L’Arabie saoudite présente un bilan déplorable en termes de droits humains. Les autorités procèdent de manière systématique à des arrestations arbitraires ciblant militants pacifiques, journalistes, universitaires et défenseures des droits, procèdent à des exécutions à l’issue de procès iniques et pratiquent couramment la torture et les mauvais traitements en détention.

Des défenseures saoudiennes des droits humains de renom attendent d’être jugées depuis mars 2019, parce qu’elles militent et œuvrent pacifiquement en faveur des droits des femmes dans le pays. De nombreux citoyens sont encore détenus sans inculpation, au motif qu’ils se sont exprimés ou ont prôné des réformes, sans violence. Près d’un an après l’exécution extrajudiciaire de Jamal Khashoggi, nul n’a encore eu à rendre des comptes. En avril 2019, les autorités ont procédé à l’exécution collective de 37 hommes, la plupart condamnés à l’issue de procès iniques. Au moins 15 d’entre eux avaient déclaré au tribunal que leurs « aveux » avaient été extorqués sous la torture ; cependant, le tribunal n’a pas enquêté sur leurs allégations et les a condamnés à mort.