Les services de renseignements afghans doivent immédiatement libérer les deux défenseurs des droits humains arrêtés après avoir dénoncé des sévices sexuels présumés infligés à des enfants, a déclaré Amnesty International le 25 novembre 2019.
Musa Mahmudi et Ehsanullah Hamidi, deux défenseurs des droits humains bien connus de la province du Logar, ont été arrêtés de manière arbitraire par la Direction nationale de la sécurité (DNS) le 21 novembre 2019, alors qu’ils étaient en chemin pour rencontrer l’ambassadeur de l’Union européenne à Kaboul.
Tous deux ont commencé à recevoir des menaces sur Facebook, notamment de la part de responsables locaux de la province du Logar, après avoir donné des interviews à The Guardian et à la chaîne afghane TOLO News au sujet de l’existence d’un réseau pédophile dans la région. Ils ont découvert plus de 100 vidéos de violences présumées. Certaines des victimes ont été assassinées, selon The Guardian.
« Les services de renseignements afghans doivent immédiatement libérer ces défenseurs des droits humains. Pendant leur détention aux mains de la Direction nationale de la sécurité, ils risquent d’être soumis à des actes de torture ou à d’autres mauvais traitements. Au lieu de les sanctionner pour avoir dénoncé ces crimes horribles, les autorités devraient les remercier pour leur travail et soumettre les responsables présumés de ces actes à des procès équitables, sans recourir à la peine de mort, a déclaré Samira Hamidi, chargée de campagne sur l’Asie du Sud à Amnesty International.
Confrontés aux menaces d’acteurs étatiques et non-étatiques, ils travaillent dans des conditions parmi les plus dangereuses au monde. L’impunité règne pour les attaques visant ces défenseurs courageux, qui ne bénéficient pas – ou si peu – de protection.
Samira Hamidi, chargée de campagne sur l’Asie du Sud à Amnesty International
« Il s’agit d’un nouveau cas dans lequel les défenseurs des droits humains sont pris pour cibles par les autorités pour avoir fait leur travail essentiel. Confrontés aux menaces d’acteurs étatiques et non-étatiques, ils travaillent dans des conditions parmi les plus dangereuses au monde. L’impunité règne pour les attaques visant ces défenseurs courageux, qui ne bénéficient pas – ou si peu – de protection. »
La veille de sa « disparition », Musa Mahmudi a déclaré à un autre défenseur afghan des droits humains qu’il craignait pour sa sécurité et que la Direction nationale de la sécurité prévoyait de l’arrêter. Il était inquiet et se pensait surveillé. Musa Mahmudi a ajouté qu’il avait reçu des menaces de mort, sous prétexte qu’il avait « déshonoré la population du Logar ».
En août 2019, Amnesty International a publié une synthèse intitulée Afghanistan. Les Défenseur-e-s des droits humains attaqués par les autorités et par des groupes armés. Elle révélait que le gouvernement afghan ne mène pas d’enquêtes sur les attaques visant les défenseurs des droits humains, les accusant parfois d’« inventer » leurs allégations, refusant de leur accorder une protection et leur conseillant de s’armer eux-mêmes.
« Les attaques persistantes contre les défenseurs des droits humains mettent en lumière la nécessité pour le gouvernement afghan de mettre en place un mécanisme de protection. La communauté internationale a un rôle important à jouer dans ce processus. Elle rend depuis longtemps hommage au courage des défenseurs afghans, sans faire coïncider ses déclarations avec des actes. Elle doit désormais reconnaître leurs accomplissements, les soutenir concrètement et inciter le gouvernement afghan à les respecter, à les protéger et à les soutenir », a déclaré Samira Hamidi.