Malte. L’accord sur le débarquement des demandeurs d’asile montre qu’une approche plus humaine est possible

L’accord conclu à La Valette aujourd’hui portant sur un mécanisme temporaire de débarquement des personnes secourues en Méditerranée centrale est une mesure positive pour la protection des droits des réfugiés et des migrants, a déclaré Amnesty International le 23 septembre 2019.

Il a été annoncé par les ministres de l’Intérieur de l’Allemagne, de la France, de l’Italie et de Malte, ainsi que par des représentants de la présidence du Conseil de l’Union européenne et de la Commission européenne.

« On ignore encore les modalités précises de cet accord, mais il devrait déboucher sur la mise en place d’un système fiable qui garantira que les personnes secourues en Méditerranée centrale seront débarquées rapidement et en sécurité en Europe et que les États de l’Union européenne (UE) se mobiliseront et en partageront la responsabilité, a déclaré Eve Geddie, directrice du Bureau d’Amnesty International auprès des institutions européennes.

« Nous espérons que ce mécanisme mettra fin au spectacle obscène de ces personnes bloquées sur des bateaux pendant des semaines en attendant de savoir où, voire si, elles peuvent débarquer. Il est essentiel que les personnes secourues en Méditerranée centrale puissent débarquer plus rapidement, car elles ont déjà bien souvent subi de graves atteintes aux droits humains dans les centres de détention libyens et entrepris une périlleuse traversée. Elles sont épuisées et ont besoin de protection et de soins. »

Les ONG qui mènent des opérations de recherche et de secours sont en butte à des poursuites pénales, à la saisie de leurs navires, à de lourdes amendes et à l’arrestation de leurs employés, simplement pour avoir fait leur devoir en sauvant des vies en mer et en tentant de débarquer ces personnes en lieu sûr.

Face au débarquement d’un grand nombre de personnes cette année, sans être suffisamment préparé à ce scénario, le système d’accueil et d’asile à Malte est surchargé. Des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants sont détenus dans des conditions ne respectant pas les normes, la plupart de manière illégale, car la durée de leur détention excède largement la période maximale autorisée par la loi maltaise, prévue pour permettre des examens médicaux à l’arrivée.

« Si nous espérons que ce nouveau mécanisme aidera Malte à diminuer la pression sur son dispositif d’asile et d’accueil, les autorités maltaises doivent comprendre qu’il n’y a pas de place ni d’excuse pour la détention arbitraire à Malte », a déclaré Eve Geddie.

Des avocats et des représentants d’organisations qui se rendent régulièrement dans les centres de détention ont déclaré à Amnesty International que ces centres sont marqués par une forte surpopulation, que la séparation entre adultes et enfants n’est pas assurée et que les conditions sont sordides, l’accès aux produits de première nécessité, comme des sous-vêtements propres et des articles de toilette, étant insuffisant.

« Bien que limité aux personnes secourues en Méditerranée centrale, l’accord du 23 septembre est sans doute le signe que les leaders européens vont enfin se mobiliser pour gérer la migration vers l’Europe de manière plus responsable et plus humaine. Il est primordial que d’autres États membres leur emboîtent le pas rapidement », a déclaré Eve Geddie.

Complément d’information

Amnesty International a maintes fois appelé les gouvernements européens à mettre en place un mécanisme de débarquement automatique et de relocalisation afin de répondre rapidement aux besoins des personnes secourues en Méditerranée centrale.

Voir les documents : https://www.amnesty.org/en/documents/eur01/9961/2019/en/https://www.amnesty.org/fr/latest/campaigns/2019/01/cut-adrift-in-the-med/

Les autorités maltaises n’ont pas permis aux chercheurs d’Amnesty International présents à Malte la semaine dernière de se rendre dans le centre de premier accueil ni dans son annexe à la caserne de Safi, près de Luqa, où sont détenus les réfugiés et les migrants. Cependant, elles ont reconnu que la situation dans ces centres était difficile en raison du manque de place, du nombre de personnes débarquées et du manque de ressources pour traiter les demandes.