En réaction à la poursuite du voyage du Bahri Yanbu, navire de la compagnie maritime d’État saoudienne, qui a quitté le port de Santander lundi 13 mai après-midi, Ara Marcen Naval, directrice adjointe du programme Contrôle des armes et droits humains à Amnesty International, a déclaré :
« Chargé d’armes qui seront probablement utilisées dans la guerre au Yémen, le Bahri Yanbu passe d’un port européen à l’autre. Après avoir fait le plein de munitions belges à Anvers, il a visité ou tenté de visiter des ports au Royaume-Uni, en France et maintenant en Espagne, et il doit accoster dans le port italien de Gênes cette semaine.
« Cet épisode met à l’épreuve la volonté des pays membres de l’UE de respecter leurs obligations au regard du Traité sur le commerce des armes et de la Position commune de l’Union européenne sur les exportations d’armes. Plusieurs États ont raté ce test en l’espace de seulement quelques jours.
Cet épisode met à l’épreuve la volonté des pays membres de l’UE de respecter leurs obligations au regard du Traité sur le commerce des armes et de la Position commune de l’Union européenne sur les exportations d’armes. Plusieurs États ont raté ce test en l’espace de seulement quelques jours.
Ara Marcen Naval, directrice adjointe du programme Contrôle des armes et droits humains à Amnesty International
« Aucun État membre de l’UE ne devrait prendre la décision criminelle d’autoriser le transfert ou le transit d’armes à destination d’un conflit où celles-ci risquent clairement d’être utilisées dans des crimes de guerre et d’autres graves violations du droit international.
Le voyage du Bahri Yanbu nous rappelle que les États préfèrent laisser le commerce lucratif des armes se poursuivre derrière un voile de mystère. Cependant, ce voile n’est pas impénétrable. Amnesty International et ses partenaires continueront de surveiller de près l’évolution de la situation et de dénoncer les États qui bafouent leurs obligations légales internationales.
Ara Marcen Naval
« Le voyage du Bahri Yanbu nous rappelle que les États préfèrent laisser le commerce lucratif des armes se poursuivre derrière un voile de mystère. Cependant, ce voile n’est pas impénétrable. Amnesty International et ses partenaires continueront de surveiller de près l’évolution de la situation et de dénoncer les États qui bafouent leurs obligations légales internationales. »
Complément d’information
Au Yémen, les importations d’armes de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont déjà contribué à des milliers de morts et de blessés parmi la population civile, y compris lors d’attaques contraires au droit international humanitaire. Cette situation a aggravé la pire crise humanitaire au monde, dans le cadre de laquelle 2,2 millions de personnes ont été déplacées et 22 millions ont besoin d’aide humanitaire.
Selon les informations fournies par l’Union européenne sur les exportations d’armes, ses États membres ont accordé au moins 607 licences à l’Arabie saoudite, pour plus de 15,8 milliards d’euros, en 2016. Les principaux exportateurs européens d’armes classiques à destination de l’Arabie saoudite sont le Royaume-Uni, la France, l’Espagne, l’Italie et la Bulgarie. Entre 2013 et 2018, l’Arabie saoudite a représenté environ la moitié des exportations d’armes du Royaume-Uni et un tiers de celles de la Belgique. D’autres pays, dont l’Allemagne, la Norvège et les Pays-Bas, ont commencé à limiter leurs ventes d’armes à la coalition menée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
Selon un calendrier des exportations concernant plusieurs navires de transport de l’État saoudien, le Bahri Yanbu est parti le 2 avril 2019 de Corpus Christi, aux États-Unis, pour Djeddah, en Arabie saoudite. Il a fait escale dans plusieurs autres ports des États-Unis et un du Canada avant de traverser l’Atlantique et de s’arrêter en Allemagne, en Belgique et au Royaume-Uni début mai.
Le 3 mai, il aurait été chargé de six conteneurs de munitions belges à Anvers, avant de mettre le cap sur la France. Il devait accoster dans le port français du Havre pour recevoir d’autres armes le 8 mai, mais à la suite d’une action en justice engagée par des ONG françaises et de l’attention publique suscitée par celle-ci, il a poursuivi son trajet sans s’arrêter en France et a fait une escale imprévue à Santander, dans le nord de l’Espagne les 12 et 13 mai. Sa prochaine escale est prévue à Gênes, en Italie, le 16 mai d’après le planning initial.
Des militants d’Amnesty International en Belgique, en France, en Espagne et en Italie suivent le parcours du Bahri Yanbu à travers l’Europe. Ils ont participé à des manifestations et cosigné une lettre adressée aux autorités espagnoles pour leur demander de ne pas autoriser son transit par les eaux territoriales espagnoles. L’organisation mettra en avant les violations apparentes du Traité sur le commerce des armes (TCA) et de la Position commune de l’Union européenne sur les exportations d’armes lors de la réunion du Groupe de travail du Conseil de l’UE sur les exportations d’armes conventionnelles qui aura lieu le 17 mai.