Zambie. Le militant anti-corruption poursuivi sur la base de charges forgées de toutes pièces ne doit pas être incarcéré

Un homme militant en faveur des droits humains en Zambie risque la prison simplement pour avoir accusé de corruption l’appareil judiciaire, a déclaré Amnesty International jeudi 22 novembre.

La décision de justice concernant Gregory Chifire doit être prononcée le 23 novembre à l’issue d’un procès manifestement inique pour quatre chefs d’accusation d’outrage à l’autorité de la justice, infondés.

« Ce procès est un affront au droit à la liberté d’expression. Le seul “crime” de Gregory Chifire est d’avoir demandé à l’appareil judiciaire de veiller à ce que tous ses membres soient tenus de rendre des comptes », a déclaré Deprose Muchena, directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique australe.

Ce procès est un affront au droit à la liberté d’expression. Le seul “crime” de Gregory Chifire est d’avoir demandé à l’appareil judiciaire de veiller à ce que tous ses membres soient tenus de rendre des comptes.

Deprose Muchena, directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique australe

Les quatre chefs d’accusation retenus contre Gregory Chifire, directeur du Réseau d’Afrique australe contre la corruption (SANAC) se fondent sur la remise en cause par cet homme d’un jugement de la Cour suprême rendu en mars 2018 et impliquant deux grandes sociétés.

L’affaire concernait une banque locale, Stanbic, qui avait demandé à un bureau de crédit la mise sur liste noire d’une entreprise locale, Savenda, sur la base d’allégations de défaut de remboursement d’un prêt. 

Dans une lettre au président de la Cour suprême de la Zambie, Gregory Chifire écrivait que selon lui le jugement « ne prenait pas en compte des éléments essentiels » fondant la légitimité de l’octroi de dommages-intérêts à Savenda, et il demandait que les magistrats soupçonnés d’être responsables de cette omission fassent l’objet d’une enquête.

Gregory Chifire a été convoqué au tribunal le 17 juillet et jugé par la suite dans le cadre d’une procédure ne respectant pas les principes d’équité des procès. Les audiences ont pris fin le 19 septembre.

« Les autorités zambiennes devraient œuvrer en faveur de l’exercice du droit à la liberté d’expression, et non le réprimer. L’affaire Gregory Chifire témoigne d’une volonté de censurer et étouffer son travail de militant », a conclu Deprose Muchena.

Les autorités zambiennes devraient œuvrer en faveur de l’exercice du droit à la liberté d’expression, et non le réprimer.

Deprose Muchena