Russie. Le refus de libérer sous caution un prisonnier d’opinion tchétchène est un affront à la justice

En réaction aux informations selon lesquelles un tribunal en Tchétchénie a refusé de libérer sous caution le défenseur des droits humains Oyoub Titiev, Natalia Priloutskaïa, chercheuse sur la Russie à Amnesty International, a déclaré :

« La décision de refuser une nouvelle fois la libération sous caution d’Oyoub Titiev démontre le caractère politique des poursuites intentées contre lui. Il n’a commis aucun crime, mais est incarcéré pour des accusations forgées de toutes pièces liées à la drogue et doit être libéré immédiatement et sans condition.

La décision de refuser une nouvelle fois la libération sous caution d’Oyoub Titiev démontre le caractère politique des poursuites intentées contre lui.

Natalia Priloutskaïa, chercheuse sur la Russie à Amnesty International

« Lors de l’audience du 26 novembre, tous les arguments de la défense ont été balayés sans être dûment examinés, tandis que le tribunal a accepté chacune des objections que l’accusation a présentées contre la demande de libération sous caution.

« Cette affaire est un affront à la justice qui met en lumière l’intolérance du gouvernement tchétchène vis-à-vis des opinions dissidentes et prouve que les défenseurs des droits humains incarcérés en Tchétchénie ne peuvent pas compter sur les outils de la justice pour les aider. »

Complément d’information

Le tribunal municipal de Shali a rejeté la demande de libération sous caution d’Oyoub Titiev. Le juge a statué que la défense n’avait pas présenté de preuves suffisantes pour invalider les motifs ayant conduit à son arrestation.

Responsable du bureau tchétchène de l’organisation de défense des droits humains Mémorial, Oyoub Titiev a été arrêté dans sa voiture le 9 janvier et est détenu depuis lors. Les policiers ont affirmé avoir « découvert » des stupéfiants dans son véhicule – une accusation qu’il a toujours niée.

Deux jours plus tard, le tribunal municipal de Shali a ordonné le placement en détention provisoire d’Oyoub Titiev. S’il est déclaré coupable de possession de stupéfiants, il risque jusqu’à 10 ans de réclusion.

Les membres de Memorial sont régulièrement pris pour cibles par les autorités tchétchènes. En 2009, la chercheuse de Memorial Natalia Estemirova a été enlevée et tuée à la frontière entre la Tchétchénie et l’Ingouchie.