Égypte. Escalade de la répression contre les défenseur·e·s des droits humains, arrestation d’au moins 19 personnes

Les autorités égyptiennes ont accentué leur offensive contre la communauté des droits humains en arrêtant au moins 19 militant·e·s et avocat·e·s spécialistes des droits humains lors d’une série d’opérations menées le 1er novembre 2018, a déclaré Amnesty International. Jusqu’à présent, au moins huit femmes et 11 hommes ont été arrêtés au cours d’opérations qui ont commencé le 1er novembre à l’aube.

Ces arrestations ont incité la Coordination égyptienne pour les droits et les libertés (ECRF), une éminente organisation de défense des droits humains qui fournit une aide juridique et recueille des informations, à suspendre ses activités, en invoquant un environnement hostile à l’égard de la société civile en Égypte.

Parmi les personnes arrêtées figurent l’avocate spécialiste des droits humains Hoda Abdelmoniem (60 ans), ancienne membre du Conseil national des droits humains. Les forces de sécurité ont fait irruption dans son appartement et l’ont mis à sac avant d’emmener cette femme dans un lieu inconnu.

« L’inquiétante vague d’arrestations qui vise actuellement la communauté des droits humains est encore un sérieux revers pour les droits humains en Égypte. En agissant ainsi, les autorités égyptiennes montrent une fois de plus qu’elles sont déterminées à écraser impitoyablement tout militantisme et à démanteler le mouvement des droits humains dans le pays. Quiconque ose dénoncer ouvertement des violations des droits humains en Égypte aujourd’hui est en danger, a déclaré Najia Bounaim, directrice de campagnes pour l’Afrique du Nord à Amnesty International.

« Il faut que cessent les persécutions qui ciblent systématiquement les défenseur·e·s des droits humains en Égypte. Les défenseur·e·s des droits humains doivent être autorisés à mener leurs activités sans craindre d’être harcelés, arrêtés ou emprisonnés. Toutes les personnes arrêtées pour avoir défendu les droits humains doivent être libérées immédiatement. »

Quiconque ose dénoncer ouvertement des violations des droits humains en Égypte aujourd’hui est en danger.

Najia Bounaim, directrice de campagnes pour l’Afrique du Nord à Amnesty International

L’ECRF, qui recueille des informations sur les disparitions forcées et le recours accru à la peine de mort, a été durement touchée par la répression. Une autre des personnes arrêtées le 1er novembre est Mohamed Abu Horira, avocat et ancien porte-parole de l’ECRF. Le défenseur des droits humains Ezzat Ghoniem, co-fondateur de l’ECRF, et Azzouz Mahgoub, un autre avocat de l’organisation, sont victimes de disparition forcée depuis le 14 septembre. Ils ont été arrêtés tous les deux en mars 2018 mais la justice a ordonné leur libération le 4 septembre. Cependant, les forces de sécurité ont ignoré cette décision et orchestré leur disparition forcée de prison.

Dans une déclaration publiée le 1er novembre et annonçant la suspension de ses activités en faveur des droits humains, l’ECRF a indiqué que le climat actuel en Égypte était incompatible avec la défense des droits humains et a réclamé l’intervention du Conseil des droits de l’homme.

Amnesty International a appelé à plusieurs reprises le Conseil des droits de l’homme à s’exprimer au sujet de la crise des droits humains qui prend rapidement de l’ampleur en Égypte.