Arabie saoudite/Turquie. L’assassinat présumé de Jamal Khashoggi au consulat représenterait une nouvelle étape consternante

MISE À JOUR (7 octobre 2018)

En réaction à des informations selon lesquelles le journaliste saoudien Jamal Khashoggi aurait été tué dans l’enceinte du consulat de son propre pays à Istanbul, Lynn Maalouf, directrice de la recherche sur le Moyen-Orient au sein d’Amnesty International, a déclaré :

« Les informations selon lesquelles une équipe aurait fait exprès le trajet depuis l’Arabie saoudite pour exécuter un “homicide planifié” au consulat sont extrêmement inquiétantes, étant donné que Jamal Khashoggi a disparu après être entré dans le bâtiment le 2 octobre.

« Si ces informations sont avérées, alors une nouvelle étape tout à fait consternante a été franchie. Un assassinat commis dans l’enceinte du consulat, territoire relevant de la juridiction de l’Arabie saoudite, équivaudrait à une exécution extrajudiciaire. Cette affaire provoque une onde de choc parmi les défenseurs des droits humains et les dissidents saoudiens dans le monde entier, la notion de refuge à l’étranger se trouvant mise à mal.

« L’Arabie saoudite recourt quotidiennement à des lois draconiennes pour exercer une répression contre la dissidence pacifique sur son territoire. Elle a même déjà arrêté des dissidents à l’étranger. Mais la disparition forcée, voire, selon les informations récentes, l’assassinat de l’un de ses citoyens ayant demandé l’asile à l’étranger devrait retentir comme un signal d’alarme. Cela suggère que les autorités saoudiennes sont prêtes à se dispenser de leurs propres procédures judiciaires, pourtant caractérisées par de graves déficiences, afin de punir les personnes qui les critiquent pacifiquement.

« La communauté internationale doit rompre son silence assourdissant face à la répression de la liberté d’expression en Arabie saoudite et réclamer aux autorités saoudiennes des explications immédiates quant au sort réservé à Jamal Khashoggi et à l’endroit où se trouve cet homme. Si les informations qui circulent sont exactes, les autorités doivent ouvrir sans délai une enquête indépendante et les responsables présumés doivent être traduits en justice, quel que soit leur rang ou leur statut.

« Les autorités turques doivent de toute urgence rendre public l’ensemble des conclusions de leur enquête, afin que la famille de Jamal Khashoggi obtienne des réponses et que justice puisse être rendue. »

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RÉACTION INITIALE (5 octobre 2018)

En réaction à la disparition de Jamal Khashoggi, journaliste saoudien bien connu dont on est sans nouvelles depuis qu’il s’est rendu au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul mardi 2 octobre, Lynn Maalouf, directrice des recherches pour le Moyen-Orient à Amnesty International, a déclaré :

« Les autorités saoudiennes affirment que Jamal Khashoggi a quitté le consulat mardi dernier ; elles doivent immédiatement dévoiler des éléments venant étayer leurs dires, sinon elles ne sont pas crédibles et ne font que renforcer les doutes sur le fait qu’elles le détiennent dans le cadre d’une possible disparition forcée. Si tel est le cas, elles doivent le libérer sans délai et les autorités turques doivent veiller à ce qu’il ne soit pas renvoyé de force en Arabie saoudite.

Les autorités saoudiennes affirment que Jamal Khashoggi a quitté le consulat mardi dernier ; elles doivent immédiatement dévoiler des éléments venant étayer leurs dires, sinon elles ne sont pas crédibles et ne font que renforcer les doutes sur le fait qu'elles le détiennent dans le cadre d’une possible disparition forcée.

Lynn Maalouf, directrice des recherches pour le Moyen-Orient à Amnesty International

« Jamal Khashoggi s’est exilé en septembre 2017, alors qu’une vague d’arrestations déferlait sur les défenseurs des droits humains, les dignitaires religieux, les économistes, les blogueurs, et quasiment toute personne osant critiquer le pouvoir en place. S’il est renvoyé en Arabie saoudite, il sera en danger étant donné les procès manifestement iniques qui débouchent sur de lourdes peines d’emprisonnement ou la peine capitale.

« Ce ne serait pas la première fois qu’un dissident est pris pour cible hors des frontières de l’Arabie saoudite. En mai 2017, le défenseur des droits humains Mohammed al Otaibi a été arrêté à l’aéroport de Doha alors qu’il était en route pour la Norvège, qui lui avait accordé le statut de réfugié, et les autorités qatariennes l’ont expulsé vers l’Arabie saoudite. En janvier 2018, il a été condamné parle Tribunal pénal spécial à Riyadh à 14 ans de prison à la suite d’un procès profondément inique.

« Le message adressé aux dissidents et détracteurs pacifiques est glaçant : ils ne sont pas en sécurité, même à l’étranger, et lorsqu’elles en ont la possibilité, les autorités s’en prennent à eux, un à un », a déclaré Lynn Maalouf.

Complément d’information

D’après les médias officiels turcs, cette semaine, le ministère turc des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur de l’Arabie saoudite en Turquie pour discuter de la disparition de Jamal Khashoggi. Un porte-parole du bureau du président turc a déclaré le 3 octobre que d’après les informations dont il dispose, Jamal Khashoggi se trouve toujours au consulat saoudien à Istanbul.