Myanmar. Le verdict de culpabilité prononcé contre deux journalistes de Reuters a de lourdes conséquences pour la liberté de la presse

En réaction aux informations selon lesquelles les journalistes de Reuters Wa Lone et Kyaw Soe Oo ont été condamnés à sept ans de prison au Myanmar pour violation de la Loi relative aux secrets d’État, Tirana Hassan, directrice du programme Réaction aux crises à Amnesty International, a déclaré :

« Le verdict rendu aujourd’hui condamne deux innocents à passer des années derrière les barreaux. Wa Lone et Kyaw Soe Oo sont condamnés à de lourdes peines de prison uniquement parce qu’ils ont osé poser des questions gênantes sur les atrocités commises par l’armée dans l’État d’Arakan. Ces condamnations doivent être annulées et les deux hommes doivent être remis immédiatement en liberté, sans condition.

Le verdict rendu aujourd’hui condamne deux innocents à passer des années derrière les barreaux.

Tirana Hassan, directrice du programme Réaction aux crises à Amnesty International

« Cette décision à caractère politique a des répercussions importantes pour la liberté de la presse au Myanmar. Elle sonne comme un avertissement pour tous les journalistes dans le pays et montre les graves conséquences auxquelles ils s’exposent s’ils s’intéressent de trop près aux violations commises par les militaires. C’est une forme de censure par la peur.

« Ce verdict ne saurait dissimuler la vérité concernant les événements qui se sont déroulés dans l’État d’Arakan. C’est grâce au courage de journalistes comme Wa Lone et Kyaw Soe Oo que les atrocités imputables aux militaires ont été révélées. Au lieu de s’en prendre à ces deux journalistes, les autorités du Myanmar devraient poursuivre les responsables des homicides, des viols, des actes de torture et des incendies de centaines de villages rohingyas. »

Complément d’information

Wa Lone et Kyaw Soe Oo ont été arrêtés à Yangon, la principale ville du Myanmar, le 12 décembre 2017. Les deux journalistes effectuaient alors un reportage sur les opérations militaires dans le nord de l’État d’Arakan. Ces opérations ont été marquées par des crimes contre l’humanité ciblant la population des Rohingyas, notamment des expulsions, des homicides illégaux, des viols, des actes de torture et l’incendie de maisons et de villages.

Les deux journalistes ont été détenus au secret pendant deux semaines avant d’être transférés à la prison d’Insein, à Yangon. La Loi relative aux secrets d’État – l’une des lois répressives du Myanmar – prévoit une peine maximale de 14 ans de prison.