La mort de l’écrivain chinois et critique du gouvernement Yang Tongyan met en lumière l’absence inquiétante d’obligation de rendre des comptes vis-à-vis de la fréquence des décès de militants remis en liberté pour raisons médicales, a déclaré Amnesty International.
Yang Tongyan était un défenseur pacifique des droits humains et de la démocratie, qui a fait un énorme sacrifice personnel pour rester fidèle à ses principes. Les autorités avaient peur du pouvoir de ses écrits et ont fait tout leur possible pour le réduire au silence
Nicholas Bequelin, directeur régional pour l’Asie de l’Est à Amnesty International
Yang Tongyan, âgé de 56 ans, est décédé mardi 7 novembre, d’après ses amis proches. L’éminent militant avait passé près de la moitié de sa vie en détention et avait été remis en liberté en août pour raisons médicales. Le 23 août, il avait subi une opération pour lui retirer une tumeur au cerveau.
« Yang Tongyan était un défenseur pacifique des droits humains et de la démocratie, qui a fait un énorme sacrifice personnel pour rester fidèle à ses principes. Les autorités avaient peur du pouvoir de ses écrits et ont fait tout leur possible pour le réduire au silence. Il n’aurait jamais dû passer un seul jour en prison, encore moins la moitié de sa vie, » a déclaré Nicholas Bequelin, directeur régional pour l’Asie de l’Est à Amnesty International.
« Le décès d’un nouveau détenu de longue durée chinois remis en liberté pour raisons médicales est inquiétant. Dans de nombreux cas, des militants gravement malades ne se voient accorder une remise en liberté pour raisons médicales que tardivement, et les demandes de leurs familles visant à obtenir un traitement en dehors d’un centre de détention ou à l’étranger sont ignorées. Il semblerait que personne ne soit amené à rendre des comptes pour ces décès récurrents de personnes remises en liberté pour raisons médicales et qui ont été désignées par les autorités comme étant des “ennemis de l’État”. »
Yang Tongyan (nom de plume : Yang Tianshui) n’avait plus que quelques mois à purger sur sa peine de 12 ans d’emprisonnement lorsqu’il a été remis en liberté pour raisons médicales. Sa condamnation en 2006 pour « subversion » s’appuyait sur des articles qu’il avait rédigés, favorables à une réforme démocratique en Chine. Il avait précédemment purgé une peine de 10 ans d’emprisonnement pour avoir critiqué la répression contre le mouvement de 1989 en faveur de la démocratie en Chine.
Au cours de ces dernières années, Amnesty International a régulièrement attiré l’attention sur la situation médicale de défenseurs des droits humains et de critiques du gouvernement emprisonnés ou en détention.
En juillet, l’écrivain, défenseur des droits humains et lauréat du Prix Nobel de la paix Liu Xiaobo est décédé en détention, après que les autorités ont rejeté ses demandes et celles de sa famille de se rendre à l’étranger pour y faire soigner son cancer. Sa femme, la poétesse et militante Liu Xia, fait encore l’objet d’une étroite surveillance.
Cao Shunli, une éminente militante originaire de Pékin, est décédée d’une défaillance organique après plusieurs mois passés en détention en mars 2014. Elle a été privée de soins médicaux adéquats pendant sa détention. Cao Shunli a été arrêtée par la police à l’aéroport international de Pékin en septembre 2013, alors qu’elle s’apprêtait à partir pour Genève afin de participer à un programme de formation sur les droits humains. Par ailleurs, sa famille avait demandé à plusieurs reprises sa libération pour raisons médicales, ce que les autorités n’ont finalement accepté que lorsqu’elle s’est trouvée dans un état critique.
Amnesty International considère Yang Tongyan, Liu Xiaobo et Cao Shunli comme des prisonniers d’opinion, détenus uniquement pour avoir exercé pacifiquement leurs droits fondamentaux.