Afghanistan. L’enquête de la CPI est un moment charnière pour la justice internationale

En réaction à la demande, le 3 novembre 2017, de la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) d’ouvrir une enquête sur le conflit qui sévit en Afghanistan, Solomon Sacco, responsable de la Justice internationale à Amnesty International, a déclaré :

« C’est un moment charnière pour la CPI. La justice pour les victimes du conflit en Afghanistan est attendue depuis trop longtemps, mais des investigations comme celle-ci sont précisément la raison d’être de la CPI : offrir une dernière chance de justice lorsque les États parties se dérobent.

« La décision de la procureure de demander l’ouverture d’une enquête sur tous les camps et toutes les parties au conflit est une avancée importante en vue d’amener les responsables présumés de crimes de droit international commis en Afghanistan depuis 2003 à rendre des comptes, et d’apporter vérité, justice et réparations aux victimes.

« La Cour va devoir faire face à des défis politiques et logistiques énormes. Les grandes puissances du monde et d’autres États parties à la CPI ont des intérêts en Afghanistan et leurs ressortissants pourraient faire l’objet d’investigations. Tous ceux parmi nous qui soutiennent la justice internationale et tous les États parties à la CPI doivent se mobiliser pour soutenir la Cour.

« La CPI sera tributaire de ses États membres pour relever les défis de cette enquête. En effet, ils devront la défendre résolument en lui fournissant la sécurité et les ressources nécessaires en Afghanistan et en coopérant aux investigations, y compris en réinstallant les témoins. Il est temps pour les États qui se sont engagés envers la justice internationale et la lutte contre l’impunité de tenir leurs promesses. »

Complément d’information

Au cours des 12 dernières années, Amnesty International n’a cessé d’exprimer ses préoccupations quant aux crimes présumés relevant du droit international et autres graves violations et atteintes aux droits humains en Afghanistan – homicides illégaux, actes de torture et détentions arbitraires notamment – commis par toutes les parties au conflit.

Il s’agit entre autres des attaques dirigées contre les civils par les talibans et leurs alliés, ainsi que des actes de torture et mauvais traitements qu’auraient commis les forces gouvernementales afghanes et leurs alliés américains et de la coalition.