Bahreïn. Trois membres de la famille d’un militant vivant au Royaume-Uni ont été condamnés à trois ans de prison

Trois membres de la famille de Sayed Ahmed Alwadaei, un militant critiquant ouvertement le gouvernement bahreïnite et vivant en exil au Royaume-Uni, ont été condamnés le 30 octobre 2017 à trois ans d’emprisonnement, ce qui illustre les extrêmes effrayants auxquels les autorités sont prêtes à avoir recours pour réprimer la dissidence, a déclaré Amnesty International.

Sayed Nizar Alwadaei, le beau-frère de Sayed Alwadaei, Hajer Mansoor Hassan, sa belle-mère, et Mahmood Marzooq Mansoor, un de ses cousins, ont été déclarés coupables d’avoir posé de fausses bombes au sud-ouest de Manama, à l’issue d’un procès d’une iniquité flagrante durant lequel ils affirment avoir été torturés et contraints d’« avouer ».

« La condamnation prononcée aujourd’hui à l’issue d’un procès d’une iniquité flagrante contre trois membres de la famille de Sayed Alwadaei pour des accusations forgées de toutes pièces est une manœuvre manifeste des autorités destinée à sanctionner le militant bahreïnite de premier plan et à faire pression sur lui pour qu’il cesse de critiquer pacifiquement le gouvernement », a déclaré Samah Hadid, directrice en charge des campagnes au sein du bureau régional Moyen-Orient d’Amnesty International.

« Il s’agit d’une tentative évidente de museler Sayed Alwadaei à distance. Cela envoie un message effrayant, à savoir que personne n’est hors de portée des autorités bahreïnites, et démontre qu’elles sont prêtes à avoir recours à tous les moyens nécessaires pour réprimer la dissidence. »

Il s’agit d’une tentative évidente de museler Sayed Alwadaei à distance. Cela envoie un message effrayant, à savoir que personne n’est hors de portée des autorités bahreïnites

Samah Hadid, directrice en charge des campagnes au sein du bureau régional Moyen-Orient d’Amnesty International

« Cette condamnation doit également servir de signal d’alarme au gouvernement britannique, qui a continué de minimiser la détérioration de la situation en matière de droits humains à Bahreïn : le gouvernement britannique ne peut plus garder le silence face aux atteintes perpétrées dans le pays. »

Il n’est pas rare qu’afin de réduire au silence les militants vivant à l’étranger, les autorités bahreïnites harcèlent, menacent et arrêtent leurs proches.

Sayed Alwadaei est responsable du travail de plaidoyer à l’Institut de Bahreïn pour les droits et la démocratie. Amnesty International a demandé à plusieurs reprises aux autorités bahreïnites de cesser de harceler et de prendre pour cible sa famille.

En octobre, la femme et le fils de Sayed Alwadaei ont été arrêtés quelques heures après qu’il eut participé à une manifestation pacifique devant la résidence de la Première ministre britannique à Londres à l’occasion d’une visite du roi de Bahreïn Hamad bin Issa Al Khalifa au Royaume-Uni. Sa femme a été interrogée et menacée de poursuites pénales. Les interrogateurs ont évoqué spécifiquement la participation de Sayed Alwadaei à la manifestation.