Deux explosions de mines terrestres le 10 septembre, dont une a emporté la jambe d’un jeune homme, portent à trois le nombre de sites recensés où les autorités du Myanmar ont posé des mines aux passages frontaliers qu’empruntent les Rohingyas fuyant les violences, a déclaré Amnesty International.
Un paysan bangladais âgé d’une vingtaine d’années a marché sur une mine terrestre près du village bangladais de Baish Bari ce matin, alors qu’il rassemblait son troupeau dans une zone tampon le long de la frontière avec le Myanmar. Des témoins ont raconté à Amnesty International qu’un Rohingya a été emmené en hâte pour être soigné à Cox Bazar au Bangladesh le 10 septembre, après qu’une autre mine a explosé près du village bangladais d’Amtali, un autre passage frontalier bien connu.
« Tous les éléments indiquent que les forces de sécurité du Myanmar ciblent délibérément des passages que les réfugiés rohingyas empruntent pour franchir la frontière. C’est une pratique cruelle et insensible qui ajoute à la détresse de personnes fuyant une campagne systématique de persécution, a déclaré Tirana Hassan, directrice du programme Réaction aux crises à Amnesty International, qui se trouve actuellement côté bangladais de la frontière.
Tous les éléments indiquent que les forces de sécurité du Myanmar ciblent délibérément des passages que les réfugiés rohingyas empruntent pour franchir la frontière. C'est une pratique cruelle et insensible qui ajoute à la détresse de personnes fuyant une campagne systématique de persécution.
Tirana Hassan, directrice du programme Réaction aux crises à Amnesty International
« Cela montre une nouvelle fois que ce n’est pas un problème qui va disparaître tout seul. Les autorités du Myanmar doivent mettre un terme à cette stratégie et permettre à des équipes de déminage de se rendre dans les régions frontalières. »
Ces nouvelles explosions ont eu lieu le long d’une frontière que 290 000 Rohingyas, selon les estimations de l’ONU, ont franchi ces deux dernières semaines pour fuir les violences. Les habitants du secteur affirment qu’ils voient souvent les forces de sécurité birmanes patrouiller la zone.
L’armée du Myanmar fait partie des quelques rares forces armées nationales au monde (avec la Corée du Nord et la Syrie) qui utilisent ouvertement des mines terrestres antipersonnel ces dernières années. Ces armes ont été prohibées par un traité international en 1997.
Le 8 septembre, Amnesty International a confirmé que les forces de sécurité du Myanmar ont posé des mines le long de la frontière nord avec le Bangladesh, sur deux passages fréquentés, près du village de Taung Pyo Let Wea [appelé localement Tumbro]. Or, de nombreux Rohingyas fuyant les violences passent par là. Au moins trois personnes, dont deux enfants, ont été grièvement blessées, les explosions ayant toutes eu lieu près d’axes très fréquentés.
« Au lieu de nier toute responsabilité, le Myanmar doit accorder la priorité à la sécurité des habitants de la zone frontalière. Il y a une raison pour laquelle l’utilisation des mines antipersonnel est illégale : elles tuent et mutilent sans discrimination, sans établir de distinction entre les combattants et les simples citoyens, a déclaré Tirana Hassan.
Au lieu de nier toute responsabilité, le Myanmar doit accorder la priorité à la sécurité des habitants de la zone frontalière. Il y a une raison pour laquelle l'utilisation des mines antipersonnel est illégale : elles tuent et mutilent sans discrimination, sans établir de distinction entre les combattants et les simples citoyens.
Tirana Hassan
« Il faut permettre à des experts de l’ONU d’enquêter sur les violations généralisées et systématiques commises dans l’État d’Arakan, notamment sur l’usage de mines terrestres prohibées, en vue de traduire les responsables présumés en justice. »