Les autorités chinoises doivent mettre fin à leurs attaques contre des militants des droits humains et libérer tous ceux qui sont encore incarcérés uniquement pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression, a déclaré Amnesty International à la veille de la libération très attendue du militant social Xu Zhiyong.
La libération de Xu Zhiyong est attendue de longue date. Sa condamnation était une parodie et il n'aurait jamais dû passer un seul jour en prison pour avoir exercé son droit à la liberté d'expression.
Patrick Poon, chercheur sur la Chine à Amnesty International
Xu Zhiyong doit être libéré samedi 15 juillet, après avoir purgé sa condamnation à quatre années de prison. En janvier 2014, il a été déclaré coupable d’avoir « rassemblé une foule dans le but de troubler l’ordre dans un lieu public », après avoir passé plus de six mois en détention provisoire.
« La libération de Xu Zhiyong est attendue de longue date. Sa condamnation était une parodie et il n’aurait jamais dû passer un seul jour en prison pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression, a déclaré Patrick Poon, chercheur sur la Chine à Amnesty International.
« Ces dernières années, des militants ont été libérés, parfois sous caution, pour se retrouver sous la surveillance intense et sous le contrôle permanent d’agents de sécurité non identifiés ou de malfrats.
« Les autorités ne doivent pas continuer de harceler ni d’intimider Xu Zhiyong et sa famille, mais le laisser jouir de la liberté dont il a été injustement privé. »
Xu Zhiyong était une personnalité centrale du « Mouvement des nouveaux citoyens », un réseau citoyen politique, culturel et social qui fut la cible de la répression des autorités en 2013 et 2014. Ce mouvement prônait de manière pacifique une plus grande transparence au niveau de la gouvernance, le respect de l’état de droit et la lutte contre la corruption.
Spécialiste du droit très réputé, Xu Zhiyong a écrit un article en mai 2012 considéré comme le socle du mouvement et l’articulation de sa mission.
En réprimant le Mouvement des nouveaux citoyens, le président Xi Jinping a clairement montré qu’il ferait preuve d’une tolérance zéro envers ceux qui remettent en cause le gouvernement. Depuis quatre ans, les attaques et le harcèlement infligés à ceux qui exercent de manière légitime leurs droits fondamentaux ne font que se durcir.
Plus de 65 personnes soupçonnées d’être liées au mouvement ont été prises pour cibles dans le cadre de la répression qui a balayé la Chine en 2013. Quatorze ont été reconnues coupables et condamnées à des peines de prison allant de un an et demi à six ans et demi.
Les militants Liu Ping et Wei Zhongping ont tous deux été condamnés à passer six ans et demi derrière les barreaux en juin 2014, principalement pour avoir organisé un événement anti-corruption. Tous deux ont été déclarés coupables d’avoir « cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public », « organisé un rassemblement afin de perturber l’ordre dans un lieu public » et « utilisé un culte néfaste dans le but de nuire au maintien de l’ordre ». Lors de son procès, Liu Ping a déclaré qu’elle avait été torturée lors de sa détention provisoire.
« Les condamnations de Liu Ping et Wei Zhongping sont absurdes. Ce sont des prisonniers d’opinion, tout comme l’était Xu Zhiyong, détenus uniquement pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression. Leur incarcération illustre l’hypocrisie du gouvernement chinois lorsqu’il s’agit de lutter contre la corruption », a déclaré Patrick Poon.