Les autorités égyptiennes doivent immédiatement annuler l’ordre concernant le gel du compte bancaire du Centre El Nadeem pour la réadaptation des victimes de violences, a déclaré Amnesty International jeudi 10 novembre.
Cette organisation, une clinique proposant des services essentiels à des centaines de victimes de torture, notamment une prise en charge psychologique et une assistance juridique, a appris le 10 novembre que ses actifs financiers étaient gelés, en vertu d’un ordre émis par la Banque centrale égyptienne.
« Le Centre El Nadeem pour la réadaptation des victimes de violences fournit une aide vitale à des centaines de personnes ayant connu la torture et à des familles de victimes d’une disparition forcée. La décision arbitraire des autorités égyptiennes de geler son compte en banque est un coup dur pour les droits humains dans le pays », a déclaré Philip Luther, directeur des recherches et des actions de plaidoyer pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International.
« Voici une nouvelle preuve du mépris des autorités égyptiennes pour ceux qu’elles perçoivent comme des opposants. En gelant les avoirs financiers du Centre El Nadeem, les autorités empêchent celui-ci de mener son travail crucial consistant à prendre soin de personnes ayant connu de terribles violences, et portent atteinte au droit des victimes à la santé et à des réparations. »
En gelant les avoirs financiers du Centre El Nadeem, les autorités empêchent celui-ci de mener son travail crucial consistant à prendre soin de personnes ayant connu de terribles violences, et portent atteinte au droit des victimes à la santé et à des réparations.
Philip Luther, directeur des recherches et des actions de plaidoyer pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International
La lettre de la Banque centrale, dont le Centre n’a toujours pas reçu d’exemplaire, indiquait que le compte en banque resterait bloqué tant que l’organisation ne respecterait la loi n° 84/2002 sur les organisations non gouvernementales, un texte répressif datant de l’ère Moubarak.
Le Centre El Nadeem pour la réadaptation des victimes de violences est reconnu en tant que clinique par le ministère de la Santé et n’a pas besoin d’être enregistré en vertu de la loi sur les associations.
Amnesty International estime que les autorités utilisent le gel du compte en banque pour forcer le Centre à fermer, en représailles contre son travail visant à aider les victimes de torture et d’autres formes de mauvais traitements, et les familles de personnes soumises à une disparition forcée.
Ce n’est pas la première fois que les autorités égyptiennes essaient d’empêcher le Centre El Nadeem d’effectuer son travail. En février 2016, elles ont émis un décret administratif arbitraire afin de fermer l’organisation, sans donner de raison. Ce décret est actuellement contesté devant des tribunaux administratifs.
Le gel de compte en banque imposé au Centre El Nadeem survient quelques mois à peine après qu’une décision de justice a bloqué les comptes bancaires personnels et organisationnels d’un groupe de défenseurs des droits humains et de militants lauréats de récompenses, étouffant ainsi leur travail vital.
Compromettre les soins reçus par les victimes de torture est inexcusable.
Philip Luther
« Compromettre les soins reçus par les victimes de torture est inexcusable. Au lieu de s’en prendre au Centre El Nadeem, les autorités égyptiennes devraient mettre en place des garanties visant à prévenir la torture en détention et mettre fin aux disparitions forcées », a déclaré Philip Luther.
Complément d’information
Le Centre El Nadeem pour la réadaptation des victimes de violences n’a pas été informé de cette décision à l’avance, ce qui est contraire au droit égyptien, et diminue sa capacité à réparer ses erreurs ou à préparer sa défense. La banque a été en contact régulier avec l’organisation ces 10 derniers jours et a sollicité des documents afin de mettre le compte à jour, que l’organisation a fournis.
L’organisation doit avoir la possibilité de contester cet ordre devant un tribunal, et en attendant le procès, elle doit pouvoir accéder librement à ses comptes en banque.