Les États membres de l’organisme international chargé de surveiller l’utilisation d’armes chimiques doivent ouvrir une enquête sur les attaques présumées à l’arme chimique dans la région du Djebel Marra au Darfour, a révélé Amnesty International au mois de septembre.
Le Conseil exécutif de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) entamera une réunion de trois jours au siège de l’organisation à La Haye le 11 octobre 2016. Nombre des membres de l’OIAC qui assisteront à cette rencontre, notamment la France et d’autres États membres de l’Union européenne (UE), ont exprimé leur grande inquiétude face aux allégations de recours à des armes chimiques.
« Exprimer son inquiétude et sa consternation ne suffira pas, il faut des mesures concrètes en vue d’une enquête indépendante. Nous disposons de preuves crédibles faisant état de blessures atroces et d’estimations faisant état d’environ 250 morts, causés par des dizaines d’attaques chimiques suspectées contre des populations civiles au cours des neuf derniers mois, a déclaré Tirana Hassan, directrice du Programme de recherche sur les crises à Amnesty International.
« Ces attaques violentes ont engendré des souffrances inimaginables, particulièrement parmi les jeunes enfants, et doivent faire l’objet d’investigations. Le Darfour a été retiré de l’agenda international il y a 10 ans, mais les attaques implacables contre des villages et le massacre de civils, ainsi que le recours manifeste à des armes chimiques, montrent qu’il doit y figurer de toute urgence.
« La communauté internationale ne peut ignorer cette alerte, et des enquêtes indépendantes sur l’utilisation d’armes chimiques doivent être initiées lors de cette rencontre. »
Amnesty International engage les États qui participent à la rencontre de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, du 11 au 14 octobre, à demander formellement au Conseil exécutif de l’OIAC d’obtenir du gouvernement soudanais des éclaircissements sur son utilisation présumée d’armes chimiques au Djebel Marra, conformément à l’article IX de la Convention sur les armes chimiques. Si le Conseil exécutif ne peut pas obtenir des éclaircissements suffisants du gouvernement du Soudan, alors les États membres doivent officiellement demander une inspection par mise en demeure, sur le terrain et exhaustive.