Ce n’est pas en réduisant au silence les militants des droits humains qui attirent l’attention sur les violations de ces droits que les autorités pourront résoudre le problème de la torture et des autres formes de mauvais traitements perpétrés en Thaïlande, a déclaré Amnesty International le 28 septembre.
À Bangkok, les autorités thaïlandaises ont empêché Amnesty International de procéder au lancement du rapport intitulé Make Him Speak by Tomorrow: Torture and Other Ill-Treatment in Thailand. Ce rapport expose en détail des cas de torture et d’autres mauvais traitements infligés par des soldats et des policiers à des insurgés présumés, des opposants au gouvernement et tout un ensemble de personnes vulnérables incluant des utilisateurs présumés de stupéfiants et des membres de minorités.
« Les autorités thaïlandaises doivent s’en prendre à la torture, et non aux militants des droits humains qui exercent des activités légitimes. Au lieu de nous menacer d’une arrestation et de poursuites en justice, elles devraient amener les auteurs présumés d’actes de torture à répondre de leurs actes. La situation est vraiment désespérante quand ceux qui défendent les droits humains peuvent être réprimés pénalement alors que des actes de torture sont commis en toute impunité », a déclaré Minar Pimple, directeur général des opérations mondiales à Amnesty International.
La situation est vraiment désespérante quand ceux qui défendent les droits humains peuvent être réprimés pénalement alors que des actes de torture sont commis en toute impunité
Minar Pimple, directeur général des opérations mondiales à Amnesty International.
Amnesty International devait, lors de la conférence de presse à Bangkok, procéder au lancement du rapport sur la torture et les autres mauvais traitements commis en Thaïlande, quand les autorités sont intervenues pour empêcher ce lancement.
« On nous a dit que cet événement ne pouvait pas avoir lieu. Les autorités ont affirmé qu’elles n’empêchaient pas cet événement en soi, mais en même temps elles nous ont avertis que si des représentants d’Amnesty International y prenaient la parole, ils risquaient d’être arrêtés et poursuivis au titre de la législation thaïlandaise sur le travail, a déclaré Minar Pimple.
« Nous n’avions reçu aucun avertissement à ce sujet. Nous avons entamé avec les autorités thaïlandaises un dialogue constructif depuis le début de ce travail sur la torture et les autres mauvais traitements commis dans le pays. Avant de venir en Thaïlande pour le lancement du rapport, nous leur avons aussi fait part de nos conclusions, dans des lettres adressées au Premier ministre et à d’autres ministres clés. »
Amnesty International demeure résolue à enquêter, rassembler des informations et mener un travail de campagne contre la torture dans le monde entier, y compris en Thaïlande.