Zimbabwe. Il faut enquêter sur ce qui est advenu d’un militant pro-démocratie

Le manquement persistant des autorités zimbabwéennes à leur devoir de diligenter une véritable enquête sur la disparition forcée d’Itai Dzamara, un militant pro-démocratie, adresse un message très préoccupant quant à la sécurité d’autres opposants au gouvernement, a déclaré Amnesty International mardi 30 août à l’occasion de la Journée internationale des victimes de disparition forcée.

« Le refus absolu de la police de reconnaître la disparition forcée d’Itai Dzamara, près de 18 mois après qu’il a été vu pour la dernière fois, en dit long sur le degré élevé d’impunité qui persiste au Zimbabwe », a déclaré Tjiurimo Hengari, directeur régional adjoint pour l’Afrique australe à Amnesty International.

Le refus absolu de la police de reconnaître la disparition forcée d’Itai Dzamara, près de 18 mois après qu’il a été vu pour la dernière fois, en dit long sur le degré élevé d’impunité qui persiste au Zimbabwe.

Tjiurimo Hengari, directeur régional adjoint pour l’Afrique australe à Amnesty International

« Les autorités doivent agir afin de garantir que la vérité et la justice triomphent, et de délivrer la famille Dzamara de la douloureuse incertitude dans laquelle elle est plongée depuis la disparition d’Itai. »

Itai Dzamara, journaliste, a été enlevé par cinq inconnus le 9 mars 2015 alors qu’il était chez le coiffeur à Glen View, une banlieue de Harare, la capitale. Deux jours avant son enlèvement, il s’était exprimé devant les participants à un rassemblement, et avait appelé à mener une action de grande ampleur pour lutter contre la détérioration des conditions économiques au Zimbabwe.

Des témoins ont dit que ses ravisseurs l’ont accusé d’avoir volé du bétail avant de le menotter, de le forcer à monter dans un fourgon blanc dont les plaques d’immatriculation avaient été dissimulées et de démarrer.

Les autorités doivent agir afin de garantir que la vérité et la justice triomphent, et de délivrer la famille Dzamara de la douloureuse incertitude dans laquelle elle est plongée depuis la disparition d’Itai.

Tjiurimo Hengari

Ces hommes étaient en civil, mais Itai Dzamara était connu des autorités et avait précédemment été enlevé, illégalement placé en détention et roué de coups par des membres des forces de sécurité.

Faire subir une disparition forcée à ceux qui critiquent le gouvernement reste monnaie courante au Zimbabwe. En 2008, des dizaines de militants de l’opposition et en faveur des droits humains ont été soumis à une disparition forcée pendant des semaines dans le cadre d’une opération de répression. L’État a nié son implication à plusieurs reprises, mais de nombreux militants ont plus tard été retrouvés en détention aux mains des autorités, tandis que le sort réservé à d’autres n’est toujours pas connu.

Complément d’information

Le 18 août 2015, Salil Shetty, le secrétaire général d’Amnesty International, et Kenneth Roth, le directeur exécutif de Human Rights Watch, ont écrit une lettre (disponible ici) au gouvernement du président Robert Mugabe, en l’exhortant à établir une commission indépendante d’enquête présidée par un juge, qui travaillerait sur l’enlèvement et la disparition forcée présumée d’Itai Dzamara, et à garantir que les responsables présumés de la disparition de cet homme soient traduits en justice dans le cadre de procès équitables.

Le 13 mars 2015, la Haute Cour du Zimbabwe a ordonné au ministre des Affaires étrangères, au ministre de l’Intérieur, au chef de la police du Zimbabwe et au directeur général de l’Organisation centrale de renseignement d’enquêter sur l’enlèvement d’Itai Dzamara et de tenir le greffier de la Haute Cour informé de leur progression toutes les deux semaines.

Les informations qu’ils communiquent restent insuffisantes et ne contiennent pas de détails approfondis sur les mesures prises par la police, si ce n’est pour confirmer que des investigations sur la disparition du journaliste sont en cours.