La mise sur pied d’une commission de haut niveau dirigée par l’ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan est une mesure positive en vue de faire face à la situation des droits humains dans l’État d’Arakan au Myanmar, a déclaré Amnesty International mercredi 24 août 2016.
« Cette annonce est le signe que les autorités du Myanmar prennent au sérieux la situation dans cet État. Mais cette mesure n’aura de sens que si elle ouvre la voie à la réalisation des droits fondamentaux de tous les habitants de l’État d’Arakan », a déclaré Rafendi Djamin, directeur du bureau régional Asie du Sud-Est et Pacifique d’Amnesty International.
L’État d’Arakan, situé sur la côte ouest du Myanmar, abrite de nombreux groupes minoritaires qui subissent des violations des droits humains et des abus depuis des décennies, en particulier les Rohingyas, minorité persécutée. La situation s’est gravement dégradée depuis 2012, lorsque des affrontements entre différents groupes ont déclenché des vagues de violence, se traduisant par de nombreux morts, des destructions de biens et des déplacements massifs de population.
Cette annonce est le signe que les autorités du Myanmar prennent au sérieux la situation dans cet État. Mais cette mesure n’aura de sens que si elle ouvre la voie à la réalisation des droits fondamentaux de tous les habitants de l’État d’Arakan.
Rafendi Djamin, directeur du bureau régional Asie du Sud-Est et Pacifique d’Amnesty International
« La commission doit enquêter sur des décennies de discrimination visant les minorités dans l’État d’Arakan, garantir l’obligation de rendre des comptes, recommander des réparations et prendre des initiatives en vue d’une réconciliation », a déclaré Rafendi Djamin.
La Commission consultative sur l’État d’Arakan, décrite par les médias officiels comme un organe national, est l’initiative la plus crédible et indépendante à ce jour visant à remédier aux violations des droits humains constatées de longue date dans cet État. Elle sera dirigée par l’ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan et la conseillère de l’État du Myanmar Aung San Suu Kyi.
La commission se compose de trois membres étrangers et de six membres du Myanmar, dont des représentants des communautés bouddhiste et musulmane.
« Inclure des membres étrangers doit permettre de rendre compte de la situation en dehors des frontières du Myanmar. Cependant, la commission aurait pu tirer parti de la présence d’autres minorités ethniques et religieuses du pays, tels que les Rohingyas », a déclaré Rafendi Djamin.
Les Rohingyas, qui vivent principalement dans l’État d’Arakan, sont en butte depuis des décennies à une discrimination institutionnalisée et au déni de leurs droits. Les autres minorités de l’État sont également victimes de discrimination, notamment les Rakhines, les musulmans Kaman, les chrétiens et les hindous.
On ne sait pas encore grand-chose sur le mandat de la commission ; il a été annoncé qu’elle porterait principalement son attention sur la prévention des conflits, l’assistance humanitaire, les droits et la réconciliation, la mise en place d’institutions et le développement dans l’État d’Arakan. Elle devra soumettre au gouvernement un rapport sur ses conclusions au bout d’un an.
« Pour que le travail de la commission s’avère efficace, elle doit mener des investigations indépendantes, impartiales et approfondies sur les violations des droits humains dans l’État d’Arakan. Une fois les faits établis, le Myanmar pourra alors mettre en œuvre l’obligation de rendre des comptes et démanteler la discrimination systémique que subissent les Rohingyas, a déclaré Rafendi Djamin.
« Cependant, une commission n’est pas nécessaire pour prendre des mesures immédiates afin de rétablir les droits et la dignité des Rohingyas et d’autres musulmans dans l’État d’Arakan. Il faudrait commencer par lever les restrictions à leur droit de circuler librement et leur donner la possibilité d’avoir accès à l’éducation, à l’emploi, à l’aide et à l’assistance. »