Les autorités bahreïnites doivent immédiatement libérer le défenseur des droits humains Nabeel Rajab et abandonner toutes les poursuites engagées contre lui, avant son procès qui doit s’ouvrir la semaine prochaine pour des publications sur Twitter critiquant la guerre au Yémen et reprenant des allégations de torture dans la principale prison de Bahreïn, a déclaré Amnesty International jeudi 7 juillet, réitérant son appel afin que le gouvernement mette fin à son attaque éhontée contre la liberté d’expression.
Le Parlement européen a également demandé la libération immédiate de Nabeel Rajab jeudi 7 juillet dans une résolution urgente exprimant de vives inquiétudes face à la campagne de répression contre les défenseurs des droits humains, l’opposition politique et la société civile. Ce dernier mois, Bahreïn a été le théâtre d’une répression accrue contre les droits à la liberté d’expression, de rassemblement et d’association.
« Exhiber un défenseur des droits humains tel que Nabeel Rajab devant un tribunal pour des tweets est une attaque sans vergogne contre la liberté d’expression et vient encore ternir le bilan déjà affligeant de Bahreïn en matière de droits humains », a déclaré Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.
« Le gouvernement doit mettre un terme à cette répression éhontée contre la liberté d’expression et accepter le fait que toute personne à Bahreïn a le droit d’exprimer pacifiquement son opinion, y compris par le biais des médias sociaux. »
Exhiber un défenseur des droits humains tel que Nabeel Rajab devant un tribunal pour des tweets est une attaque sans vergogne contre la liberté d’expression et vient encore ternir le bilan déjà affligeant de Bahreïn en matière de droits humains.
Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International
L’audience de Nabeel Rajab doit avoir lieu le 12 juillet et il encourt jusqu’à 13 ans de prison pour avoir tweeté et retweeté en 2015 certaines déclarations critiquant la conduite des forces de sécurité bahreïnites dans une prison et le rôle joué par le pays au sein de la coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite dans le conflit yéménite.
En attendant son procès, Nabeel Rajab est isolé des autres détenus et enfermé dans une cellule crasseuse depuis le 13 juin, lorsqu’il a été arrêté pour des charges distinctes de « propagation de fausses informations et rumeurs dans le but de discréditer l’État ».
« La décision des autorités bahreïnites de réexaminer ces tweets datant de l’an dernier montre à quel point elles sont désireuses de museler les dissidents et d’étouffer la société civile », a déclaré Philip Luther.
« Elles doivent retirer ces charges absurdes, libérer Nabeel Rajab et d’autres prisonniers d’opinion, et lancer un processus de réforme approfondi dans le domaine de droits humains. »
La décision des autorités bahreïnites de réexaminer ces tweets datant de l’an dernier montre à quel point elles sont désireuses de museler les dissidents et d’étouffer la société civile.
Philip Luther
Il est interdit à Nabeel Rajab de quitter Bahreïn depuis l’an dernier, une mesure employée contre d’autres voix dissidentes dans le pays. Au seul mois de juin, 13 personnes – dont des journalistes, des défenseurs des droits humains et d’anciens prisonniers d’opinion – ont été empêchées de quitter Bahreïn. Certaines d’entre elles devaient se rendre à une session du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, à Genève.
La détérioration de l’état de santé de Nabeel Rajab suscite par ailleurs des inquiétudes croissantes. Il a été transporté dans deux hôpitaux pour des irrégularités du rythme cardiaque depuis son placement en détention ; au moment de son arrestation, deux interventions chirurgicales devaient être programmées pour traiter d’autres problèmes de santé dont il souffre. Il a fait divers séjours en prison depuis 2012, pour des charges liées à son action pacifique en faveur des droits humains. Il a été libéré l’an dernier en raison de sa santé défaillante, après avoir purgé la moitié de sa peine de six mois correspondant à une autre condamnation également liée à des commentaires publiés sur Twitter.