L’Ouganda doit immédiatement arrêter le président soudanais Omar el Béchir et le remettre à la Cour pénale internationale (CPI), a déclaré Amnesty International le 12 mai 2016. Omar el Béchir, qui fait partie des personnes recherchées par le CPI, est arrivé à Kampala dans la matinée du 12 mai pour assister à la prestation de serment du président Yoweri Museveni.
« L’Ouganda doit respecter ses obligations internationales et arrêter Omar el Béchir qui est recherché pour génocide, a déclaré Muthoni Wanyeki, directrice régionale du bureau Afrique de l’Est, Corne de l’Afrique et Grands lacs à Amnesty International.
« En tant que signataire du Statut de Rome, l’Ouganda a l’obligation absolue de le remettre à la CPI. S’il refuse de le faire et se soustrait ainsi à son devoir, il trahira les centaines de milliers de personnes qui ont été tuées ou déplacées au cours du conflit au Darfour. »
Le Conseil de sécurité de l’ONU a saisi la CPI de la situation dans la région du Darfour, au Soudan, en 2005. Des mandats d’arrêt sont émis contre le président Omar el Béchir depuis 2009 pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité présumés perpétrés au Darfour entre 2003 et 2008.
Il ne faut pas permettre au président Omar el Béchir d’échapper plus longtemps encore à la justice
Muthoni Wanyeki, directrice régionale du bureau Afrique de l’Est, Corne de l’Afrique et Grands lacs à Amnesty International
Dans un arrêt rendu récemment, la Cour suprême de l’Afrique du Sud a qualifié de « honteuse » l’attitude des autorités sud-africaines, qui se sont abstenues d’arrêter le président Omar el Béchir alors qu’elles y étaient tenues au titre des dispositions de la législation sud-africaine mettant en œuvre le Statut de Rome, quand ce dernier s’est rendu à Johannesburg pour assister au Sommet de l’Union africaine en juin 2015.
En mars 2010, le Parlement ougandais a adopté le projet de loi relatif à la Cour pénale internationale, qui a entièrement incorporé dans la législation ougandaise les dispositions relatives à la CPI. Ce texte prévoit également l’arrestation de suspects et leur remise à la CPI. Quand il s’est exprimé devant l’Assemblée des États parties à la CPI en novembre 2015, le représentant de l’Ouganda a affirmé sans équivoque que son pays apporte son « soutien à la Cour pénale internationale dans son combat contre l’impunité » et que « cet engagement reste ferme ». Cependant, l’Ouganda a parfois aussi exprimé des critiques à l’égard de la CPI.
« Il ne faut pas permettre au président Omar el Béchir d’échapper plus longtemps encore à la justice, a déclaré Muthoni Wanyeki.
« Le gouvernement du président Museveni doit prendre maintenant les mesures nécessaires pour l’arrêter et veiller à ce que le prochain avion qu’il prendra le conduise directement à La Haye, où la justice l’attend. »
Complément d’information
En juillet 2009, des informations ont signalé qu’Omar el Béchir était invité à se rendre en Ouganda pour assister à la conférence intitulée Dialogue de partenariat intelligent. Il y a envoyé un représentant à sa place.
La CPI a aussi émis plusieurs mandats d’arrêt portant sur des crimes commis dans le nord de l’Ouganda par la Lord’s Resistance Army (LRA, Armée de résistance du Seigneur) depuis 2002, y compris contre le dirigeant du LRA, Joseph Kony. Le premier procès d’un ancien commandant du LRA, Dominic Ongwen, doit commencer cette année.