L’Égypte intensifie son attaque contre les ONG, en arrêtant un défenseur des droits des minorités

Le défenseur égyptien des droits humains Mina Thabet, qui dirige le Département des groupes minoritaires et religieux de la Commission égyptienne pour les droits et les libertés (ECRF), a été arrêté le 19 mai, alors que le gouvernement intensifie son attaque contre les ONG égyptiennes. Il a été appréhendé lors d’un raid effectué à son domicile au Caire aux premières heures de la matinée par des membres de l’Agence de sécurité nationale, qui lui ont infligé des mauvais traitements, ainsi qu’à des membres de sa famille, et ont refusé de dévoiler où il était détenu.

« Mina Thabet est une figure de la communauté égyptienne de défense des droits humains. Il œuvre sans relâche en faveur des droits des minorités, notamment des chrétiens coptes, que le gouvernement étouffe depuis des décennies. Son arrestation est une attaque contre la liberté d’expression et d’association, et montre clairement la détermination des autorités égyptiennes à faire taire tous ceux qui osent contester la version des faits officielle, a déclaré Magdalena Mughrabi, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

Son arrestation est une attaque contre la liberté d'expression et d'association, et montre clairement la détermination des autorités égyptiennes à faire taire tous ceux qui osent contester la version des faits officielle.

Magdalena Mughrabi, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d'Amnesty International.

« Mina Thabet est le dernier d’une longue liste d’employés d’ONG ciblés par le gouvernement – placés en détention ou victimes d’intimidation. Ce sont des militants pacifiques qui doivent pouvoir mener à bien leurs activités sans craindre d’être harcelés ni emprisonnés. L’acharnement des autorités contre les militants pacifiques laisse à penser qu’elles sont déterminées à paralyser la communauté des ONG du pays et à la rendre totalement obsolète.

« Sur la scène internationale, l’Égypte justifie sa répression sous couvert de lutte contre le terrorisme, mais s’en sert en fait pour traiter les défenseurs pacifiques des droits humains et les détracteurs du gouvernement comme des criminels. Il est crucial que la communauté internationale prenne position et appelle l’Égypte à mettre fin sans délai à ces persécutions. »

D’après des informations précédentes émanant du bureau du procureur de l’est du Caire, Mina Thabet sera inculpé au titre des lois relatives à la lutte contre le terrorisme et aux manifestations pour avoir participé à des manifestations pacifiques le 25 avril contre la décision de l’Égypte de céder le contrôle de deux îles de la mer Rouge à l’Arabie saoudite.

L’arrestation de Mina Thabet intervient quelques semaines seulement après celle d’Ahmed Abdullah, directeur de l’ECRF, appréhendé à son domicile le 25 avril. Il est inculpé de plusieurs chefs au titre des lois relatives à la lutte contre le terrorisme et aux manifestations, notamment d’incitation à manifester le 25 avril et de tentative de renverser le gouvernement.

Mina Thabet s’attache à défendre les droits des minorités, particulièrement des coptes, depuis le soulèvement de 2011. Cet homme est un prisonnier d’opinion détenu uniquement pour avoir exercé ses droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association ; il faut le libérer immédiatement et sans conditions, et abandonner toutes les charges retenues contre lui.