Ukraine. Menace sur les droits à Sloviansk

Alors que les forces ukrainiennes tentent de reprendre le contrôle de Sloviansk, les craintes pour la sécurité de la population de cette ville de l’est de l’Ukraine s’accentuent, a déclaré Amnesty International vendredi 2 mai 2014. « À mesure que les opérations s’intensifient, le risque que des passants soient pris dans des échanges de tirs ne fait que croître. Nous prions toutes les parties de veiller à ne pas commettre de violations des droits humains, a dit Heather McGill, chercheuse d’Amnesty International sur l’Ukraine. « Les forces armées ukrainiennes, tout comme les groupes armés, doivent tout faire pour protéger le droit à la vie au cours de cette période tumultueuse. » Le 30 avril, le président de l’Ukraine en exercice a déclaré que la situation à Donetsk et dans certaines parties de la région alentour, y compris à Sloviansk, était très dangereuse, les autorités ukrainiennes n’étant plus en mesure d’y exercer leur contrôle. « Alors que la lutte pour le contrôle de l’Ukraine se poursuit, c’est la population qui est menacée. Ce sont avant tout les droits des simples citoyens qui doivent être protégés, a ajouté Heather McGill. Les gens sont actuellement menacés de toutes parts. Ils sont en danger lors des opérations de sécurité menées par l’armée ukrainienne, et ils risquent de subir des violences aux mains des groupes armés. » Plus de 20 personnes ont été enlevées depuis le 13 avril à Sloviansk par des groupes armés opposés aux autorités de Kiev, dont des journalistes étrangers et un groupe de huit observateurs militaires de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Les journalistes étrangers ont été libérés et l’un des observateurs de l’OSCE a été relâché le 27 avril pour des raisons de santé. Au moins trois journalistes ukrainiens et un habitant de Sloviansk sont toujours retenus en captivité. Ce dernier, Artem Deynega, a été enlevé le 13 avril par des personnes non identifiées après avoir été vu en train de filmer depuis un balcon la rue où se trouvent les locaux du Service de sécurité ukrainien (SBU). Serhi Lefter, un journaliste travaillant pour la fondation Open Dialogue, a disparu le 15 avril. Les derniers contacts de Serhi Chapoval, de Volyn Post, avec sa famille datent du 26 avril. Irma Krat, reporter et militante pro-européenne de la place de l’Indépendance (Maïdan), a été enlevée le 20 avril. Le 29 avril, Mikhaïl Konovalov, psychologue de l’éducation et militant d’Amnesty International, a été arrêté à un barrage à Sloviansk par quatre hommes masqués et armés, puis interrogé parce qu’il était en possession d’un calendrier d’Amnesty International. Ils l’ont forcé à se mettre à genoux en pointant leur arme sur lui, et lui ont attaché les mains avec une bride en plastique. Il a été retenu de force au barrage pendant environ une demi-heure avant que l’ordre fût donné de le relâcher. « J’avais peur. Je ne pensais pas qu’ils allaient me tuer, mais qu’ils n’hésiteraient pas à me blesser », a raconté Michaïl Konovalov. « Il faut mettre un terme aux agressions de journalistes et de défenseurs des droits humains. Ce sont eux qui enquêtent sur les violations des droits humains et qui les font connaître. Ils doivent être protégés », a dit Heather McGill.