Explosion dans une mine en Turquie : la tragédie aurait pu être évitée

Le gouvernement turc doit de toute urgence enquêter sur l’explosion catastrophique survenue le 13 mai dans une mine de charbon, et sur les informations faisant état de pratiques de travail dangereuses dans le secteur minier en vue d’empêcher de telles tragédies à l’avenir, a déclaré Amnesty International. « Cette tragédie aurait pu être évitée. La longue liste des victimes qui ont péri dans les mines en Turquie pose la question gênante de la sécurité des travailleurs. Le fait que le gouvernement ait récemment rejeté la demande des parlementaires qui réclamaient une enquête sur de graves accidents du travail est tout à fait choquant. Il joue avec la vie des gens », a déclaré Andrew Gardner, chercheur sur la Turquie à Amnesty International. L’explosion survenue mardi 13 mai dans une mine de charbon à Soma, dans l’ouest de la Turquie, aurait coûté la vie à 245 hommes et fait 80 blessés. Le bilan des victimes devrait s’alourdir, car 800 mineurs se trouvaient sur le site au moment de l’explosion. La mine appartient à la compagnie Soma Kömür Ýþletmeleri A.Þ, filiale de Soma Holding, premier producteur de charbon extrait de mines souterraines en Turquie. La Turquie a déjà connu des catastrophes minières, notamment en 1992, lorsqu’une explosion dans une mine de charbon de la province de Zonguldak, aux bords de la mer Noire, avait tué 263 mineurs. En 2013, un parlementaire de l’opposition, membre du Parti populaire républicain (CHP), a soumis au Parlement une motion visant à enquêter sur des accidents du travail survenus dans les mines de charbon à Soma. Les trois partis d’opposition ont soutenu cette proposition. Cependant, le parti au pouvoir, le Parti de la justice et du développement (AKP), a voté contre cette motion, rejetée il y a deux semaines. « Les autorités turques doivent mener sans délai des investigations sur les causes de l’explosion. En outre, il faut accorder des réparations aux survivants et aux proches des victimes. Soma Holding doit pleinement coopérer à cette enquête, dont les conclusions doivent être rendues publiques », a déclaré Andrew Gardner.