Syrie. Le non respect de la résolution des Nations unies nécessite une réaction énergique de la part du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité des Nations unies doit prendre des mesures concrètes, notamment en menaçant d’exercer des sanctions ciblées contre les parties au conflit syrien qui bafouent de manière éhontée les termes d’une résolution adoptée à l’unanimité par les Nations unies, qui demandait un accès immédiat à l’aide humanitaire et la fin des violations des droits humains, a déclaré Amnesty International. Le Conseil devait examiner mercredi 30 avril le deuxième rapport de Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, sur la mise en œuvre de la résolution des Nations unies. « La situation humanitaire en Syrie est plus que catastrophique. Plus de deux mois après l’adoption par les Nations unies d’une résolution visant à soulager la souffrance des civils et mettre fin aux crimes de guerre, la situation sur place ne fait qu’empirer », a déclaré José Luis Díaz, chef du bureau d’Amnesty International auprès de l’ONU à New York. « Si le Conseil de sécurité entend sauvegarder ce qui lui reste de crédibilité concernant la Syrie, il doit veiller à ce que cette décision prise à l’unanimité soit respectée, notamment en tenant sa promesse d’agir afin d’inciter les différentes parties à obtempérer. Des mesures supplémentaires, y compris des sanctions, doivent être prises contre les personnes ayant enfreint les termes de la résolution. » Plus de 9 millions de personnes en Syrie ont besoin d’une aide humanitaire de toute urgence, notamment celles qui se trouvent assiégées et dans des zones difficiles d’accès. Les détentions arbitraires, les enlèvements et les attaques menées sans discrimination contre les civils continuent sans répit. Ce sont surtout les forces gouvernementales qui s’en rendent coupables mais les groupes armés sont également à blâmer. Aux termes de la résolution 2139 adoptée en février, les membres du Conseil de sécurité se sont engagés à « prendre des mesures supplémentaires » si la résolution n’est pas respectée. La Russie, qui de même que la Chine a opposé son véto à trois résolutions précédentes du Conseil de sécurité sur la situation en Syrie depuis le début de la crise, jouera un rôle décisif dans la réaction qu’adoptera le Conseil. « Si la Russie est réellement attachée à la légitimité et à la crédibilité du Conseil de sécurité, ainsi qu’elle l’affirme régulièrement, alors elle doit soutenir les mesures énergiques envisagées par le Conseil et ne pas permettre que la résolution 2139, pour laquelle elle a voté, continue à être bafouée de manière aussi inhumaine », a déclaré José Luis Díaz. Malgré une légère augmentation mensuelle du nombre de personnes bénéficiant d’une assistance humanitaire, l’aide requise par la plupart des personnes concernées reste bloquée, et les crimes de guerre et crimes contre l’humanité n’ont pas cessé. Les forces gouvernementales en particulier continuent à maintenir la population en état de siège, notamment quelque 20 000 civils à Yarmouk, au sud de Damas. Amnesty International a publié en mars 2014 son rapport le plus récent sur la situation à Yarmouk, qui fournissait des détails sur 194 décès liés au siège parmi les résidents, tous des civils selon les informations reçues. Au moins 60 autres personnes seraient mortes depuis lors, dont 19 de faim. « À Yarmouk et à travers la Syrie, des civils assiégés continuent à souffrir et mourir parce que la résolution n’est pas mise en œuvre sur le terrain », a déclaré José Luis Díaz. Les forces gouvernementales ont également attaqué des zones de la ville d’Alep, aux mains des rebelles, ainsi que Daraya, qui est en état de siège, en y larguant sans discrimination des barils d’explosifs non guidés. Les détentions arbitraires, disparitions forcées, actes de torture et morts en détention – notamment sous la garde des groupes armés – continuent à se multiplier. Les autorités n’ont pas non plus tenu compte de l’appel que contenait la résolution en faveur de la libération de toutes les personnes victimes de détentions arbitraires, notamment les prisonniers d’opinion. En dépit de quelques libérations récentes, les groupes armés continuent par ailleurs à priver de liberté des militants de la société civile, entre autres.