En refusant l’accès au centre de détention, le gouvernement de Nauru cherche à dissimuler les conditions qui y règnent

Le refus de Nauru d’autoriser Amnesty International à se rendre dans son centre de détention de demandeurs d’asile géré par l’Australie traduit une volonté de se soustraire à un examen public du traitement qui y est réservé aux demandeurs d’asile.

Le gouvernement de Nauru a rejeté la demande d’Amnesty International, invoquant « les circonstances actuelles et la période extrêmement chargée », alors que l’organisation avait proposé différentes dates.

Cette dernière obstruction intervient après que Nauru a finalement renoncé en début de mois à autoriser la venue d’une équipe d’observateurs des droits humains de l’ONU, invoquant des « difficultés d’ordre pratique ».

En février 2014, le coût des visas pour les journalistes souhaitant se rendre à Nauru est passé de 130 euros à 5 350 euros.

« Le refus de Nauru d’autoriser un examen indépendant des conditions dans le centre de détention est une évolution accablante du système de demande de procédure d’asile mis en place par l’Australie hors de son territoire, a déclaré Rupert Abbott, directeur adjoint du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

« Amnesty International a recensé les atteintes aux droits humains dont sont victimes les demandeurs d’asile dans le centre de détention de Nauru. Au lieu de bloquer une surveillance indépendante, l’Australie et Nauru devraient tout faire pour faciliter les visites de l’ONU, entre autres, en vue de contribuer à améliorer la situation. »

Selon des informations parues récemment dans la presse, un obus d’artillerie intact a été découvert dans une zone du centre qui abrite des enfants et des familles ; en outre, selon certaines allégations, des gardiens du centre ont agressé des enfants. Ces éléments suscitent de vives craintes quant à la sécurité des demandeurs d’asile qui s’y trouvent.

« Depuis juillet 2013, lorsque l’Australie a commencé à transférer la population actuelle de réfugiés vers Nauru, pas un seul demandeur d’asile n’a obtenu le statut de réfugié et on ignore encore quand et où ils vont être réinstallés. « Ils sont plongés en plein flou juridique, ce qui ajoute à la pression psychologique déjà énorme que vit un demandeur d’asile », a déclaré Rupert Abbott.

Amnesty International est très préoccupée par la situation des droits humains des demandeurs d’asile dans les centres de rétention gérés par l’Australie en dehors de son territoire, notamment à Nauru.

Dans un rapport publié en novembre 2012, Amnesty International a dénoncé le fait que les demandeurs d’asile du centre de détention de Nauru vivent dans des conditions sordides, souffrant d’affections physiques et mentales, et voient leurs droits fondamentaux régulièrement bafoués.

En novembre 2013, Amnesty International s’est rendue au centre de détention géré par l’Australie sur l’île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, et a affirmé que les conditions délibérément dures et humiliantes visaient à faire pression sur les demandeurs d’asile pour qu’ils rentrent dans leur pays d’origine, indépendamment du fait qu’il s’agisse ou non de réfugiés.

Selon des informations récentes, l’Australie chercherait à conclure un accord avec le Cambodge pour y réinstaller des demandeurs d’asile.

« Nauru doit autoriser un contrôle indépendant du centre de détention, a déclaré Rupert Abbott.

« L’Australie doit mettre un terme aux transferts de demandeurs d’asile vers Nauru et ailleurs, mettre fin à la politique de traitement et de détention des demandeurs à l’étranger, et traiter immédiatement les dossiers de ceux qui sont aujourd’hui détenus sur l’île, en vue de leur proposer des solutions de réinstallation sûres, stables et rapides. »