Le gouvernement sri-lankais renforce ses stratégies répressives alors que l’ONU examine sa situation

Les tactiques mises en œuvre par le gouvernement sri-lankais pour réduire au silence et calomnier les dissidents sont une manœuvre visant à détourner les critiques, alors que le bilan du pays en termes de droits humains va être examiné de près par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève, a déclaré Amnesty International le 19 mars. Le Conseil des droits de l’homme doit voter la semaine prochaine une résolution demandant l’ouverture d’une enquête internationale sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité présumés commis au Sri Lanka durant le conflit armé sanglant et de longue durée avec les Tigres libérateurs de l’Eelam tamoul (LTTE). Depuis la fin du conflit en mai 2009, le gouvernement du président Mahinda Rajapakse poursuit la répression contre ses détracteurs. « Le Sri Lanka doit mettre un terme à la campagne d’intimidation et aux méthodes répressives ciblant les défenseurs des droits humains, les journalistes, les avocats et les familles des disparus », a déclaré Peter Splinter, représentant d’Amnesty International auprès des Nations unies à Genève. Si la libération hâtive de deux éminents militants des droits humains le 18 mars, après leur placement en détention le 16 mars, est une mesure positive, d’autres militants pacifiques ont été arrêtés ces derniers mois dans le but d’éradiquer la dissidence. « Nous saluons la libération des défenseurs des droits humains Ruki Fernando et Praveen Mahesan, mais le monde ne doit pas être dupe. En effet, ils n’auraient jamais dû être arrêtés. Les autorités sri-lankaises doivent cesser de s’acharner contre les voix critiques et garantir la sécurité de tous ceux qui expriment sans violence des vérités gênantes sur la situation des droits humains qui prévaut en cette période d’après-guerre au Sri Lanka », a déclaré Peter Splinter. Ruki Fernando, de l’ONG INFORM, basée à Colombo, et le père Praveen Mahesan, prêtre catholique, ont été libérés le 18 mars après avoir été arrêtés à Kilinochchi deux jours auparavant. Ils auraient été détenus sans être officiellement accusés, au titre de la très draconienne Loi relative à la prévention du terrorisme (PTA). Dans une note diplomatique diffusée auprès des missions permanentes des États membres de l’ONU à Genève le 18 mars, le gouvernement sri-lankais a cherché à les présenter comme collaborant avec des personnes qui tentent de faire renaître le groupe armé des LTTE au Sri Lanka. Selon ce document, des représentants sri-lankais auraient déclaré que les deux hommes avaient été arrêtés pour avoir fourni de « fausses informations » sur la situation des droits humains dans le nord du Sri Lanka en vue de nuire à la réputation du pays auprès de l’ONU. « Ce sont des allégations grotesques, qui montrent jusqu’où le gouvernement sri-lankais est prêt à aller pour enterrer la vérité et salir les noms des détracteurs. En se servant de la scène internationale pour calomnier des militants pacifiques, le Sri Lanka rejoint le club restreint des États autoritaires répressifs, a déclaré Peter Splinter. « Au lieu de prendre des dispositions mesurables pour rendre justice aux victimes d’atteintes aux droits humains, le gouvernement poursuit sa campagne agressive contre ceux qui réclament que les responsables de ces agissements soient amenés à rendre des comptes et que les droits fondamentaux soient protégés. » Par ailleurs, Amnesty International a reçu des informations très inquiétantes selon lesquelles les services de renseignement sri-lankais ont mis sur pied une unité spéciale chargée de surveiller les personnes soupçonnées de transmettre des informations à l’ONU. Tous les États membres de l’ONU doivent se préoccuper de ces allégations. Amnesty International exhorte le Sri Lanka à rectifier les informations erronées qu’il a diffusées au sujet de Ruki Fernando et du père Praveen Mahesan, à garantir leur sécurité et à respecter leur travail et celui de tous les défenseurs des droits humains.