Russie. Black-out des médias autour du référendum sur la Crimée

Les autorités russes ont lancé une offensive de grande échelle visant les médias indépendants en Russie, et bloqué un ensemble de sites internet dans le pays, a déclaré Amnesty International vendredi 14 mars. « Le blocage de ces sites constitue une violation de la liberté d’expression. Il s’agit là d’une attaque délibérée contre les personnes qui mettent en cause les discours dictés par le Kremlin en tentant de fournir des informations indépendantes et impartiales, ainsi qu’une possibilité de débattre librement », a déclaré John Dalhuisen, chercheur pour l’Europe et l’Asie centrale à Amnesty International. « Ces derniers mois et semaines, les autorités russes ont lancé une action visant à museler les médias indépendants. Tout a commencé par une censure officieuse et des autocensures, pour aboutir rapidement à la fermeture de médias indépendants. Tout cela rappelle l’époque soviétique, quand les stations de radio étaient brouillées. » Le Bureau du Procureur général de la Fédération de Russie a ordonné la neutralisation de différents sites appelant prétendument à « des activités illégales et à la participation à des événements bafouant l’ordre établi. » Parmi les sites bloqués, on peut citer : Grani.ru ; Kasparov.ru ; EJ.ru ; le blog du militant de l’opposition Alexeï Navalny (sur le site Web de la station de radio l’Écho de Moscou), ainsi que le site Livejournal.com, qui héberge plusieurs blogs lus par une large audience. Le 1er février, le président Vladimir Poutine a signé diverses modifications de la Loi portant sur les informations circulant via Internet, autorisant ainsi le Bureau du procureur général à bloquer des sites Web publiant des appels touchant à des activités considérées comme illégales. Parmi ces activités figure l’organisation de manifestations publiques et pacifiques, sans autorisation préalable des autorités. En début de semaine, le rédacteur en chef et le directeur du site Lenta.ru ont été licenciés, après un avertissement du Bureau du procureur faisant suite à l’interview d’un nationaliste ukrainien. Un autre média indépendant, Dojd (la pluie), a été neutralisé partiellement, pour avoir ouvert un débat concernant les décisions militaires prises pendant la seconde guerre mondiale. Les sites visés offraient des informations et points de vue indépendants sur différents sujets, notamment la manifestation prévue samedi 15 mars à Moscou concernant l’intervention militaire en Crimée. « La Russie resserre son emprise sur la liberté d’expression, en vue du référendum que les autorités de Crimée envisagent d’organiser ce dimanche. Il s’agit là d’une volonté manifeste de réduire au silence toute voix critiquant cette initiative », a déclaré John Dalhuisen.