République centrafricaine. Il faut déployer sans délai les soldats de la paix de l’UE pour juguler l’escalade de la violence

L’Union européenne (UE) doit immédiatement mettre en œuvre son projet de déployer des troupes de maintien de la paix afin de protéger les civils en République centrafricaine, en proie à une nouvelle vague de violences, a déclaré Amnesty International mercredi 26 mars. Plusieurs quartiers de la capitale Bangui sont passés sous contrôle des milices anti-balaka, qui ont lancé ces derniers jours des offensives contre des civils et des soldats de la force de maintien de la paix de l’Union africaine, la MISCA. « Cette flambée de violence est très préoccupante, étant donné le contexte de nettoyage ethnique, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité qui prévaut en République centrafricaine depuis décembre 2013, a déclaré Christian Mukosa, chercheur sur l’Afrique centrale à Amnesty International. « Ces événements viennent étayer ce qu’Amnesty International affirme depuis des mois, à savoir que le modeste contingent de troupes de maintien de la paix sur le terrain ne sera pas en mesure de protéger efficacement les civils sans une aide accrue de la communauté internationale. » Depuis le 22 mars, la Croix-Rouge a recensé au moins 15 homicides de civils à Bangui et l’ONG Médecins Sans Frontières a soigné près de 40 personnes pour des blessures potentiellement mortelles qui leur ont été infligées lors d’attaques. Un soldat de la MISCA a été tué dans la ville de Boali, à 80 kilomètres de la capitale, tandis que d’autres ont été blessés dans plusieurs attaques menées par les anti-balaka contre le personnel et les structures de la MISCA dans la capitale depuis le 23 mars. Ces attaques ont eu lieu malgré la mise en place d’un gouvernement de transition en janvier 2014 et la présence de 6 000 soldats africains de la MISCA et de 2 000 soldats français. Lors d’une récente visite dans le pays, la Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme Navi Pillay a décrit une situation effroyable. Elle a dénoncé les terribles atteintes aux droits humains commises, notamment la décapitation d’enfants. Depuis l’escalade de la violence en décembre 2013, les experts d’Amnesty International ont effectué trois séjours d’au moins deux semaines chacun en République centrafricaine, ainsi que dans les camps de réfugiés installés dans le Tchad voisin. Les exécutions extrajudiciaires, la torture, le pillage et d’autres atrocités sont perpétrés quotidiennement contre les civils. L’organisation fut la première à recueillir des informations sur le nettoyage ethnique visant la population musulmane du pays en janvier : des milliers de musulmans ont depuis fui vers les pays voisins, où ils sont confrontés à une autre catastrophe humanitaire en raison des conditions de vie très difficiles. Le secrétaire général de l’ONU a proposé l’envoi de 12 000 casques bleus en République centrafricaine, mais cette force ne sera pas déployée avant septembre 2014. En attendant, l’Union européenne a promis le 10 février d’envoyer rapidement 1 000 soldats en République centrafricaine, ainsi que des fournitures et des équipements pour aider les forces internationales déjà présentes sur le terrain. Mais cette promesse est restée lettre morte, malgré les demandes répétées de hauts responsables, notamment de Catherine Ashton, haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères. « Une crise humanitaire de très grande ampleur se dessine si rien n’est fait pour remédier à la situation. Le déploiement immédiat de troupes de l’UE est littéralement une question de vie ou de mort », a déclaré Christian Mukosa. À la suite des récentes attaques, la MISCA a publié une déclaration dans laquelle elle qualifie les miliciens anti-balaka « de terroristes et de combattants ennemis, qui doivent être traités en conséquence ». Le 25 mars, les troupes de la MISCA auraient tué 12 combattants anti-balaka dans la ville de Boali, lors d’affrontements qui ont causé la mort d’un soldat de maintien de la paix. « C’est une évolution extrêmement inquiétante. Les groupes armés comme les anti-balaka doivent immédiatement mettre fin à toutes les attaques contre les civils et les casques bleus », a déclaré Christian Mukosa.