Corée du Nord. Le Conseil de sécurité de l’ONU doit prendre des mesures face aux crimes contre l’humanité

Le Conseil de sécurité de l’ONU doit accroître les pressions sur la République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord) pour qu’elle remédie à la situation désastreuse des droits humains qui prévaut dans le pays, a déclaré Amnesty International à la suite de la publication d’un rapport accablant de l’ONU.

« Le rapport exhaustif de la commission d’enquête de l’ONU dévoile la terrible réalité de la vie en Corée du Nord. Les violations des droits humains sont hors normes de par leur gravité et leur nature », a déclaré Roseann Rife, directrice des recherches sur l’Asie de l’Est à Amnesty International.

La commission d’enquête de l’ONU sur la situation des droits humains en Corée du Nord, chargée d’enquêter sur les violations graves, systématiques et massives perpétrées dans le pays, a rendu public son rapport final lundi 17 février. Elle estime que des crimes contre l’humanité ont été commis en Corée du Nord, des citoyens étant envoyés dans les camps pour prisonniers politiques, torturés et parfois exécutés sans avoir été jugés.

« Le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil des droits de l’homme doivent saisir cette occasion et user de leur pouvoir et de leur influence afin que le gouvernement nord-coréen prenne des mesures en réponse aux conclusions de la commission. Le peuple nord-coréen ne mérite rien de moins », a déclaré Roseann Rife.

La commission de l’ONU a exposé deux options afin de garantir que les responsables présumés de crimes contre l’humanité aient à rendre des comptes : que le Conseil de sécurité renvoie le dossier à la Cour pénale internationale ou que soit mis sur pied un tribunal spécial.

« La communauté internationale ne peut pas se permettre de rester inactive face à ces crimes qui dépassent l’entendement. Au regard des conclusions de la commission, il faut que le Conseil de sécurité aborde la question des droits humains aux côtés de la sécurité et de la paix lorsqu’il s’agit de la Corée du Nord », a déclaré Roseann Rife.

La commission a exhorté la Corée du Nord à reconnaître les atteintes aux droits humains commises, et notamment l’existence d’un vaste réseau de camps pour prisonniers politiques.

Dans son rapport de 372 pages, la commission recommande également que la Chine et d’autres gouvernements cessent de renvoyer des personnes en Corée du Nord.

Complément d’information

En décembre 2013, Amnesty International a publié des images satellite montrant l’évolution de deux des principaux camps pour prisonniers politiques de Corée du Nord. Amnesty International a partagé ces éléments d’information avec la commission d’enquête des Nations unies.

Des centaines de milliers de personnes, y compris des enfants, sont détenues dans des camps pour prisonniers politiques et d’autres structures de détention en Corée du Nord. Un grand nombre de détenus n’ont commis aucun crime et font simplement partie de la famille de personnes considérées comme coupables de graves crimes politiques. Ils sont emprisonnés au titre de la « culpabilité par association », une forme de sanction collective.

Près d’un million de Nord-Coréens sont morts de faim depuis les années 1990. Les famines et les crises alimentaires ont été largement passées sous silence grâce aux contrôles politiques, notamment les restrictions du droit de circuler librement des Nord-Coréens comme des employés des agences humanitaires internationales, et à la suppression quasi-totale de la liberté d’expression, d’information et d’association.

Notes aux rédacteurs : Amnesty International a fourni à la commission d’enquête des informations sur les différentes atteintes aux droits humains constituant des crimes contre l’humanité. 

Vidéo d’interviews

La vidéo intitulée « Voices from the Camps » présente des entretiens inédits avec quatre personnes qui ont fui la Corée du Nord et qui ont témoigné devant la commission d’enquête. Vous pouvez télécharger une séquence brute destinée aux médias de cinq minutes en cliquant ici ; sont incluses une version sous-titrée en anglais et une version propre.

Les personnes interviewées sont :

Le gardien : ancien gardien de prison, il livre un témoignage exclusif à Amnesty International ; il révèle que les responsables des camps violent des femmes avant de les tuer, et expose les méthodes utilisées pour exécuter les prisonniers.

La « commère » : Kim Youg Soon a passé neuf ans dans le camp de Yodok avec ses parents âgés et ses enfants, tous morts dans le camp. Motif de sa condamnation : elle aurait révélé une liaison que son amie entretenait avec Kim Jong II.

L’officier de l’armée : Joo-II Kim parle de la famine qui touche massivement la population et décrit de manière très crue la phase terminale qu’endure une personne qui meurt de faim.

La femme vendue : Park Ji-hyun a été vendue à un paysan chinois et a été enfermée dans un camp de travail parce qu’elle avait tenté de s’enfuir.

Images satellite des camps pour prisonniers politiques

En décembre 2013, Amnesty International a publié des images satellite montrant l’évolution de deux des principaux camps pour prisonniers politiques du pays, les camps (kwanliso) n° 15 et 16. Elle a transmis ces éléments d’information et son analyse à la commission d’enquête de l’ONU. Vous pouvez télécharger ces images satellite en cliquant ici.