États-Unis. La Californie doit réformer radicalement son régime d’isolement cellulaire

Les autorités californiennes doivent réformer les conditions cruelles de détention dans les quartiers de très haute sécurité de l’État, où les prisonniers sont détenus à l’isolement, a déclaré Amnesty International. Mercredi 11 février 2014, une représentante de l’organisation de défense des droits humains interviendra devant la Commission de sécurité publique de l’Assemblée de Californie. Celle-ci examine actuellement une série de réformes de ses quartiers de très haute sécurité, proposée par l’administration pénitentiaire de Californie. « Les autorités californiennes ont une occasion historique de mettre un terme aux conditions de vie inhumaines des centaines de prisonniers détenus à l’isolement dans cet État », a déclaré Tessa Murphy, chargée de campagne d’Amnesty International spécialiste des États-Unis. La plupart de ces prisonniers sont incarcérés dans des quartiers de très haute sécurité au sein de la prison d’État de Pelican Bay. Ils sont confinés au moins 22 heures par jour dans leurs cellules sans fenêtre. Ils n’ont droit qu’à une heure et demie d’exercice par semaine, seuls, dans une cour de béton totalement vide et entourée de murs de plus de six mètres de haut, d’où ils ne peuvent apercevoir qu’un morceau de ciel à travers un toit de plastique en partie grillagé. « Détenir des prisonniers dans des conditions si restrictives pendant des périodes d’isolement prolongé est cruel et inhumain. Il est urgent de réformer ces conditions de détention pour les mettre en conformité avec les normes juridiques et relatives aux droits humains », a déclaré Tessa Murphy. L’administration pénitentiaire de Californie propose notamment un programme d’assouplissement progressif des conditions sur cinq ans, qui permettrait aux prisonniers de regagner leur place au sein de la population carcérale ordinaire. « Les réformes proposées sont positives, mais les prisonniers devront toujours passer au moins deux ans dans les mêmes conditions inhumaines qu’avant », a déclaré Tessa Murphy. Contrairement à ce qui se fait dans la plupart des autres États, les prisonniers détenus à l’isolement en Californie n’ont pas le droit de téléphoner régulièrement à leur famille. Certains ne sont autorisés à envoyer à leurs proches qu’une photo par an. Des dizaines d’entre eux sont soumis à ce régime depuis plus de 20 ans. Beaucoup souffrent de problèmes physiques et psychologiques durables liés à leurs conditions de détention extrêmes, même après leur libération. « Nous comprenons qu’il puisse parfois être nécessaire d’isoler des prisonniers à titre disciplinaire ou pour des raisons de sécurité. Toutefois, la procédure utilisée pour déterminer qui doit être placé à l’isolement semble inéquitable, sans critères clairement établis. Cela doit changer », a déclaré Tessa Murphy. Lors de la visite d’une délégation d’Amnesty International en Californie en 2012, cet État comptait environ 4 000 prisonniers placés à l’isolement – soit plus que n’importe quel autre État du pays. Depuis, plusieurs centaines de prisonniers ont bénéficié d’un avis positif pour une sortie du régime d’isolement ou ont été intégrés à différents stades du programme d’assouplissement progressif. D’autres attendent encore que leur dossier soit examiné. Toutefois, le processus d’examen est pour l’instant très lent et la plupart des prisonniers des quartiers de très haute sécurité vivent toujours dans des conditions très difficiles. Note aux rédacteurs En septembre 2012, Amnesty International a publié un rapport intitulé USA: The edge of endurance: Prison conditions in California’s Security Housing Units. Après la publication de ce rapport, l’administration pénitentiaire californienne a engagé quelques réformes, qui étaient loin de répondre aux normes internationales relatives aux droits humains. En 2013, dans toute la Californie, des prisonniers ont observé une grève de la faim pendant deux mois pour protester contre la cruauté des conditions d’isolement dans les quartiers de très haute sécurité. Au plus fort de la mobilisation, plus de 30 000 prisonniers participaient à ce mouvement de protestation pacifique. La grève de la faim s’est arrêtée en septembre 2013, quand les législateurs de l’État se sont engagés à tenir des audiences sur les conditions de détention dans ces quartiers de très haute sécurité et sur le recours à l’isolement de longue durée. La deuxième et dernière audience sur ce sujet aura lieu le 11 février 2014. Elle se tiendra au siège du corps législatif de Californie, à Sacramento. Tessa Murphy, chargée de campagne d’Amnesty International spécialiste des États-Unis, participera à cette audience et est à la disposition des journalistes pour des interviews. Elle faisait partie de la délégation d’Amnesty International qui s’est rendue dans les quartiers d’isolement de Californie en 2012.