Bahreïn. Une militante craint d’être de nouveau arrêtée quelques jours après sa libération

Une militante bahreïnite récemment libérée de prison a indiqué à Amnesty International qu’elle craint d’être de nouveau arrêtée lorsqu’elle se présentera au tribunal cette semaine pour répondre de nouvelles accusations fallacieuses. Zainab Al Khawaja a été relâchée dimanche 16 février mais doit comparaître mercredi 19 février pour deux autres affaires. « Il ne faut pas que les autorités bahreïnites placent une nouvelle fois Zainab Al Khawaja en détention. Sa libération, survenue il y a quelques jours, s’est beaucoup fait attendre », a déclaré Said Boumedoua, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. « Elle est depuis longtemps l’une des bêtes noires du gouvernement bahreïnite, qui trouve toujours des raisons pour s’assurer qu’elle reste enfermée et soit ainsi contrainte au silence. » Dans la première affaire, Zainab Al Khawaja est accusée de destruction de biens appartenant à l’État, pour avoir déchiré une photo du roi de Bahreïn lorsqu’elle se trouvait dans un centre de détention pour femmes à Madinat Isa les 4 et 6 mai 2012. Dans la seconde, il lui est reproché d’avoir insulté un policier après avoir pris la défense d’une prisonnière, qui avait selon ses dires été humiliée devant elle en juin 2013. « Les autorités doivent agir en urgence afin de blanchir Zainab Al Khawaja une fois pour toutes. Les condamnations prononcées contre elles doivent être annulées et toutes les poursuites engagées abandonnées immédiatement », a déclaré Said Boumedouha. Zainab Al Khawaja a passé près d’un an en prison à purger plusieurs courtes peines en relation avec diverses charges, avant d’être remise en liberté dimanche 16 février. Elle avait été déclarée coupable de destruction de biens appartenant à l’État, d’outrage à policier, de rassemblement illégal et d’émeute, et d’incitation à la haine envers le régime, entre autres. Elle a expliqué à Amnesty International que des restrictions supplémentaires lui avaient été imposées durant son incarcération lorsqu’elle avait entamé une grève de la faim en mars 2013. Les autorités carcérales avaient réagi en la privant de la visite de sa famille et de conversations téléphoniques avec son avocat. Ces restrictions ont été levées lorsqu’elle a mis fin à son jeûne. Amnesty International la considérait comme une prisonnière d’opinion, estimant que cette femme était détenue uniquement pour avoir exercé de manière pourtant pacifique ses droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion. L’organisation avait réclamé sa libération sans condition à plusieurs reprises. Zainab Al Khawaja et sa famille font partie des nombreux militants qui ont été pris pour cible dans le cadre d’opérations de répression contre la liberté d’expression et de réunion, lancées par les autorités bahreïnites dans le but d’étouffer toute opposition depuis le soulèvement de 2011. « Les militants doivent être autorisés à exprimer librement leurs opinions sans avoir à craindre les actes d’intimidation, le harcèlement ou les arrestations. Tous les prisonniers d’opinion de Bahreïn doivent être libérés immédiatement et sans condition, et le droit à la liberté d’expression et de réunion doit être respecté », a déclaré Said Boumedouha. Vendredi 14 février, des milliers de personnes sont descendues dans la rue afin de commémorer le troisième anniversaire des manifestations de masse contre le gouvernement à Manama. Au moins 26 d’entre elles auraient été arrêtées, et plusieurs autres blessées lorsque des affrontements ont éclaté. Un policier bahreïnite a par ailleurs été tué lors de l’explosion d’une bombe dans le village de Dair le même jour.