Ce jeudi 31 janvier 2008, Amnesty International a engagé les chefs d’État africains qui se réunissent à Addis-Abeba dans le cadre de l’Assemblée de l’Union africaine (UA) à faire face aux défis majeurs en matière de droits humains auxquels se trouve confrontée l’Afrique, tandis que les atteintes aux droits fondamentaux se poursuivent avec la même intensité au Kenya et au Soudan.
« À l’occasion de cette rencontre, les chefs d’État doivent inscrire au premier rang de leurs priorités les graves violations des droits fondamentaux que subissent les citoyens d’Afrique – et faire tout ce qu’ils peuvent pour venir à bout de ces difficultés et s’efforcer de trouver des solutions », a déclaré Kolawole Olaniyan, conseiller juridique d’Amnesty International pour l’Afrique.
Dans une note adressée à l’UA, l’organisation a exposé ses recommandations, particulièrement en ce qui concerne les atteintes aux droits humains actuellement perpétrées au Soudan et au Kenya. En outre, elle a demandé à l’Assemblée de rejeter la candidature du Soudan à la présidence de l’UA.
« Il est très préoccupant que le Soudan se propose à nouveau de présider l’UA, lors même qu’il continue de commettre des violations flagrantes des droits humains au Darfour et se refuse à coopérer pleinement avec la MINUAD [mission hybride de l’ONU et de l’UA au Darfour], a ajouté Kolawole Olaniyan.
« Nous exhortons l’UA à ne pas accorder la présidence au Soudan. Non seulement il y aurait conflit d’intérêts – l’UA jouant un rôle clé dans la résolution d’un conflit auquel le Soudan est partie –, mais cela porterait aussi un nouveau coup aux centaines de milliers de victimes de cette violente crise des droits humains qui perdure. »
En 2006 et 2007, la candidature du Soudan à la présidence de l’UA n’avait pas été retenue. En effet, le gouvernement continuait de prendre des civils pour cibles et de bloquer les opérations de maintien de la paix qui auraient permis de les protéger, ce qui avait soulevé des tempêtes de protestations au sein de l’opinion.
« Si le Soudan est désigné à la présidence de l’UA, il serait effectivement en position de négocier avec lui-même sur le conflit du Darfour – une situation parfaitement absurde et intenable, a expliqué Kolawole Olaniyan.
« L’Assemblée de l’UA doit saisir cette occasion de condamner publiquement l’obstruction qu’oppose le gouvernement soudanais à l’action de la MINUAD et de l’engager à coopérer pleinement et immédiatement avec cette mission. »
Par ailleurs, Amnesty International a demandé à l’Assemblée de mettre sur pied de toute urgence une commission d’enquête sur les exécutions illégales et les autres graves atteintes aux droits humains commises au Kenya, et d’exiger que les responsables présumés soient traduits en justice dans le respect des normes internationales d’équité des procès.
L’organisation a reçu ce jeudi 31 janvier des informations qui font état de menaces de mort sérieuses visant des défenseurs et militants renommés des droits humains au Kenya. Elle a instamment prié le gouvernement kenyan de garantir leur sécurité et leur protection.
« Les chefs d’État africains doivent insister auprès du gouvernement et des dirigeants politiques kenyans pour qu’ils prennent toute les mesures légales permettant de faire cesser immédiatement les violences et qu’ils s’engagent publiquement à respecter et protéger les droits fondamentaux de tous les citoyens kenyans », a conclu Kolawole Olaniyan.
Pour consulter la version intégrale des recommandations d’Amnesty International à l’Assemblée de l’UA, veuillez cliquer ici.
Pour consulter le flash d’Amnesty International intitulé Kenya. Des défenseurs renommés des droits humains menacés de mort pour avoir « trahi » leur ethnie, veuillez cliquer ici.