Zimbabwe: Pendant que l’on recherche une solution politique à la crise, la police torture toujours

Malgré le processus de médiation conduit actuellement par la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), les autorités zimbabwéennes continuent de maltraiter et de torturer les défenseurs des droits humains et les opposants politiques, ont déclaré des chercheurs d’Amnesty International à leur retour d’une visite dans le pays.

L’organisation a constaté que certaines unités spécifiques de police étaient responsables de la plupart des violations des droits humains.

« La violence policière organisée se poursuit depuis le début de la médiation de la SADC, a déclaré Simeon Mawanza, le chercheur chargé du Zimbabwe à Amnesty International. Les mauvais traitements et les tortures perpétrés se sont même aggravés. »

« Nous avons recueilli des éléments auprès d’un grand nombre de sources, notamment des victimes, des médecins et des avocats, qui montrent que certaines unités de la police zimbabwéenne – en particulier le Service du maintien de l’ordre – perpétuent en toute impunité des violations des droits humains contre des détracteurs du régime. »

Amnesty International a constaté que la police zimbabwéenne continue de recourir à la force de manière excessive et de faire usage de la torture pour empêcher les défenseurs des droits humains et les membres du Movement for Democratic Change (MDC, Mouvement pour le changement démocratique) d’exercer leurs droits à liberté d’association et de réunion.

« La police empêche même la tenue de petites manifestations ne rassemblant que quelques dizaines de défenseurs des droits humains, a poursuivi Simeon Mawanza. Une fois en garde à vue, les défenseurs des droits humains et les membres du MDC sont violemment frappés. Ils ne sont pas autorisés à contacter un avocat et sont privés de nourriture et de soins médicaux. »

Le 22 novembre, au moins 22 membres de la National Constitutional Assembly (NCA, Assemblée constitutionnelle nationale, une organisation non gouvernementale) ont été interpellés dans le quartier des affaires d’Harare par des individus non identifiés, qui les ont contraints à s’entasser dans deux minibus et les ont conduits, apparemment, dans les locaux de la Zimbabwe African National Union-Patriotic Front (ZANU-PF, Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique, le parti au pouvoir) pour la province d’Harare. Les militants de la NCA ont été frappés sur la plante des pieds à coup de bâton et de barre de fer. On leur a ensuite ordonné de nettoyer à main nue le sol de la pièce, ainsi que des toilettes. Les auteurs de ces agissements auraient ensuite appelé la police. Les victimes ont été emmenées au poste de police central d’Harare, où elles ont été inculpées d’« actes d’obstruction » et contraintes de payer une amende. Aucun des auteurs présumés des mauvais traitements n’a été arrêté. Dix des victimes ont dû être hospitalisées.

Le 25 juillet, au moins 200 militants de la NCA ont été arrêtés par la police à Harare après avoir participé à une manifestation pacifique. Ils ont été conduits au poste de police central d’Harare, où un grand nombre d’entre eux ont été brutalement frappés durant six heures environ par des fonctionnaires et des individus non identifiés en civil. Ils ont ensuite été remis en liberté sans inculpation. Au moins 32 d’entre eux ont été hospitalisés par la suite. Quatorze avaient des membres fracturés. Un bébé âgé de dix-neuf mois figurait parmi les blessés. Il avait été frappé à coups de matraque par des policiers.

« Le processus de médiation mené actuellement par la SADC doit placer au premier rang des priorités les questions relatives aux droits humains, a déclaré Simeon Mawanza. Les dirigeants de la SADC doivent exiger du gouvernement zimbabwéen qu’il prenne immédiatement des mesures afin que la police du pays, notamment le Service du maintien de l’ordre, respecte les droits humains. Les responsables de violations des droits humains ne doivent pas rester impunis. »


Complément d’information

Les violations des droits humains au Zimbabwe sont commises dans le contexte d’une détérioration de plus en plus avancée de l’économie. L’inflation s’élevait officiellement à 14 000 p. cent à la fin du mois d’octobre. La plupart des produits essentiels, notamment le maïs, aliment de base des Zimbabwéens, manquent. Les produits de base sont inabordables pour les ménages moyens. La majorité des familles n’ont pas les moyens de se nourrir, de se soigner ni d’envoyer les enfants à l’école. Selon les estimations du Programme alimentaire mondial, quatre millions de Zimbabwéens ont besoin d’une aide alimentaire.

Le processus de médiation mené actuellement par la SACD est la seule initiative lancée par la communauté internationale pour tenter de sortir de l’impasse politique au Zimbabwe.