Cambodge. Les poursuites engagées contre un journaliste mettent en lumière la répression de la liberté de la presse

Réagissant à l’inculpation du journaliste Mech Dara pour incitation à la violence après son arrestation par la police militaire, Kate Schuetze, directrice régionale adjointe par intérim des recherches à Amnesty International, a déclaré :

« Les poursuites engagées contre Mech Dara montrent une nouvelle fois que les autorités cambodgiennes n’hésitent pas à réprimer des journalistes. C’est le dernier exemple en date de la campagne du nouveau gouvernement pour supprimer la liberté de la presse.

« Les charges retenues contre Mech Dara au titre de lois traitant d’“incitation à la violence” utilisées de manière abusive relèvent d’une tactique courante visant à museler les personnes qui critiquent le gouvernement et à les intimider en leur infligeant de lourdes peines d’emprisonnement. Au vu de ses publications sur les réseaux sociaux, je suis convaincue qu’il exerçait légitimement son droit à la liberté d’expression. La gravité des faits qui lui sont imputés signifie qu’il passera probablement une longue période en détention provisoire. Cependant, la détention provisoire n’est autorisée que dans des circonstances exceptionnelles et ne doit pas servir de sanction.

« Mech Dara est détenu uniquement pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression, et les autorités cambodgiennes doivent le libérer immédiatement et sans condition. »

Complément d’information

Le journaliste Mech Dara a été arrêté lundi 30 septembre à 16 h 02 par la police militaire alors qu’il se trouvait à bord d’une voiture. Il a été déféré dans l’après-midi du 1er octobre devant un tribunal, qui l’a inculpé d’incitation à la violence au titre des articles 494 et 495 du Code pénal du Cambodge. L’incitation à la violence est devenu le chef d’inculpation par défaut retenu contre les défenseur·e·s des droits humains et les militant·e·s arrêtés au Cambodge ces dernières années. Elle est passible de deux ans d’emprisonnement. Dans certains cas, ces personnes sont également poursuivies pour « complot », chef d’inculpation passible d’une peine pouvant aller jusqu’à 10 ans de prison.

Mech Dara est connu pour son travail auprès du Cambodia Daily, du Phnom Penh Post et de Voice of Democracy, ainsi que pour ses articles internationalement reconnus sur la corruption et l’industrie de l’escroquerie au Cambodge.

Il a récemment reçu plusieurs prix pour ses enquêtes journalistiques sur les « centres d’escroquerie » du Cambodge, des lieux où des cas de traite des êtres humains et de torture sont régulièrement signalés.