Chine. La réincarcération de la militante Zhang Zhan met en évidence l’intolérance de Pékin à l’égard de la dissidence

Les autorités chinoises doivent cesser de persécuter la journaliste citoyenne Zhang Zhan, a déclaré Amnesty International après la réincarcération de cette militante moins de quatre mois après sa libération de prison.

Zhang Zhan, qui est détenue au Centre de détention du nouveau district de Pudong, à Shanghai, semble avoir été prise pour cible parce qu’elle a continué de défendre les droits humains après sa sortie de prison, le 13 mai. 

« La réincarcération malheureusement prévisible de Zhang Zhan représente le point culminant de la campagne de harcèlement persistante à laquelle la soumet le gouvernement, y compris depuis sa « libération » de prison. Depuis sa sortie de prison, Zhang Zhan fait l’objet d’une surveillance qui s’est intensifiée au cours du mois écoulé, a déclaré Sarah Brooks, directrice pour la Chine à Amnesty International.


« Cette nouvelle incarcération souligne l’intolérance intraitable des autorités chinoises à l’égard de la dissidence et de Zhang Zhan, qui, malgré son emprisonnement injuste, a continué d’élever la voix en solidarité avec d’autres militant·e·s des droits humains après sa libération. Elle a été réincarcérée parce qu’elle a refusé de se taire. »

Après sa libération en mai, Zhang Zhan s’est dite préoccupée par le fait que ses propos en ligne étaient surveillés par les autorités.


Selon les informations reçues par Amnesty International, elle a été interrogée à plusieurs reprises par la police au cours du mois écoulé, certains interrogatoires ayant duré plus de 10 heures.

Fin août, il a été signalé qu’elle s’était rendue depuis Shanghai dans la province du Gansu, dans le nord-ouest du pays, pour manifester sa solidarité avec d’autres défenseur·e·s des droits humains. Peu de temps après, lors d’une visite dans sa ville natale du Shaanxi, elle est soudainement devenue injoignable ; la société civile a signalé qu’elle avait été arrêtée par la police de Shanghai, située à plus de 1 000 kilomètres de là.


« Le 2 septembre, Zhang Zhan a eu 41 ans et c’était la première fois depuis sa libération qu’elle allait fêter son anniversaire. Or, au lieu de célébrer cet événement en famille, elle a pour la cinquième fois consécutive passé son anniversaire derrière les barreaux, a déclaré Sarah Brooks.


« Nous demandons aux autorités chinoises de libérer Zhang Zhan immédiatement et sans condition, et de veiller à ce qu’elle soit totalement libre et protégée contre toute forme de surveillance ou de harcèlement. »

Complément d’information

Zhang Zhan est une journaliste citoyenne chinoise qui a été emprisonnée pour avoir couvert le début de la pandémie de COVID-19 à Wuhan.


Ancienne avocate, Zhang Zhan s’est rendue à Wuhan en février 2020 pour couvrir sur le terrain ce qui s’y passait. Elle a publié sur les réseaux sociaux des informations dénonçant l’arrestation par des représentants du gouvernement de journalistes indépendants et le harcèlement des familles de patients atteints du COVID-19.

Elle a disparu à Wuhan en mai 2020. Il est apparu par la suite qu’elle avait été arrêtée par les autorités chinoises et détenue à Shanghai, où elle a été déclarée coupable, à l’issue d’une parodie de procès, d’« avoir cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public ».
Le 13 mai de cette année, après avoir purgé une peine de quatre ans d’emprisonnement, Zhang Zhan a été libérée. Cependant, après sa libération, elle a fait l’objet d’une surveillance stricte et d’un harcèlement continu de la part des autorités.