Malte. L’inculpation des Trois de l’El Hiblu est « la pire décision possible »

En réaction aux informations indiquant que le procureur général de Malte a inculpé trois jeunes hommes originaires d’Afrique de l’Ouest, surnommés les « trois de l’El Hiblu », pour avoir tenté d’empêcher leur renvoi illégal en Libye par l’équipage d’un navire qui les avait secourus en mer en 2019, Elisa De Pieri, chercheuse sur l’Europe pour Amnesty International, a déclaré :

« Le procureur général a mis plus de quatre ans et demi pour aboutir à la pire décision possible.

« C’est une parodie de justice de voir que ces jeunes hommes, qui ont joué un rôle de médiation entre l’équipage et un groupe de personnes en quête d’asile prises de panique, vont maintenant faire l’objet d’un procès où ils encourent la réclusion à perpétuité.

« Leur inculpation ne tient pas compte du fait qu’ils faisaient partie d’un groupe de plus de 100 demandeurs et demandeuses d’asile confrontés à la perspective d’un renvoi forcé illégal vers la Libye qui aurait mis leur vie en danger. Pourtant, ce sont eux qui doivent maintenant se défendre contre des accusations allant des “actes de terrorisme” à la “violence”.

« L’enquête qui a abouti à cette inculpation a été entachée par de graves irrégularités de procédure, notamment par leur détention dans des prisons pour adultes alors qu’ils étaient mineurs, leurs audiences devant des tribunaux pour adultes et le refus de citer des témoins clés à comparaître.

« Les poursuites visant les Trois de l’El Hiblu n’auraient jamais dû être engagées, mais il est encore temps pour les autorités maltaises d’abandonner les charges et d’épargner à ces jeunes hommes une injustice supplémentaire. »

Complément d’information

En mars 2019, trois adolescents africains, originaires de Côte d’Ivoire et de Guinée, âgés de 15, 16 et 19 ans, ont embarqué à bord d’un canot pneumatique surchargé pour fuir la Libye avec 108 autres personnes. Lorsque leur canot a commencé à se dégonfler, ils ont été secourus par un navire marchand, l’El Hiblu. Le capitaine du navire a alors essayé de les ramener en Libye, ce qui aurait constitué une violation du droit international, les capitaines ayant l’obligation légale de conduire les personnes secourues vers une destination sûre.

Lorsque le navire est finalement arrivé à Malte le 28 mars 2019, les autorités maltaises ont arrêté ces trois jeunes en affirmant qu’ils avaient fait pression sur l’équipage pour qu’il change de cap. Selon les nombreux témoignages de demandeurs et demandeuses d’asile qui se trouvaient à bord, ils ont simplement tenté de calmer les passagers pris de panique et servi d’interprètes entre l’équipage et les personnes secourues.