Inde. Les arrestations et les perquisitions en lien avec NewsClick sont le signe d’une attaque contre les médias qui critiquent le gouvernement

En réaction à l’arrestation du fondateur de NewsClick Prabir Purkayastha et du directeur des ressources humaines Amit Chakravarty au titre de la Loi relative à la prévention des activités illégales, au terme d’une série de descentes effectuées aux domiciles et dans les bureaux de plusieurs journalistes associés au média numérique le 3 octobre 2023 à Delhi et Mumbai (Bombay), Aakar Patel, président du conseil exécutif d’Amnesty International Inde, a déclaré :

« Le journalisme n’est pas un crime. Les perquisitions effectuées dans les locaux de NewsClick et l’arrestation de Prabir Purkayastha et Amit Chakravarty sont les dernières manœuvres du gouvernement indien pour étouffer les médias indépendants et critiques. Les autorités doivent libérer immédiatement Prabir Purkayastha et Amit Chakravarty et leur permettre de faire leur travail sans subir de représailles.

Le journalisme n’est pas un crime. Les perquisitions effectuées dans les locaux de NewsClick et l’arrestation de Prabir Purkayastha et Amit Chakravarty sont les dernières manœuvres du gouvernement indien pour étouffer les médias indépendants et critiques

Aakar Patel, président du conseil exécutif d’Amnesty International Inde

« Les autorités indiennes instrumentalisent régulièrement la Loi relative à la prévention des activités illégales pour intimider et harceler les journalistes, les défenseur·e·s des droits humains et les militant·e·s, bafouant ainsi leurs droits à la liberté d’expression et d’association. Ses définitions générales et vagues des ” actes terroristes ” et certaines dispositions sont utilisées pour violer les droits à un procès équitable et d’autres droits, en toute impunité.

« Les autorités indiennes doivent respecter, protéger, promouvoir et réaliser les droits fondamentaux de tous, notamment les droits à la liberté d’expression et d’association. Elles doivent cesser de s’en prendre aux médias indépendants et libérer sur-le-champ tous les journalistes détenus pour des accusations fallacieuses ou motivées par des considérations politiques, et ce uniquement en raison de leurs articles critiques.

« En l’absence d’une loi solide sur la protection des données en Inde, la saisie des téléphones et des ordinateurs portables des journalistes de NewsClick suscite également de vives inquiétudes quant à la surveillance numérique ciblée exercée par le gouvernement indien. Ces graves atteintes aux droits humains doivent cesser. »

Complément d’information

Les domiciles et les bureaux des reporters, consultants, rédacteurs en chef et contributeurs associés à l’organisation NewsClick ont été perquisitionnés au titre de la Loi relative à la prévention des activités illégales – la principale loi antiterroriste du pays – pour avoir soi-disant levé des fonds à des fins d’actes terroristes, promu l’hostilité entre différents groupes et pour association de malfaiteurs au titre du Code pénal indien.

Selon la police de Delhi, 46 journalistes ont été interrogés, deux arrêtés et leurs téléphones, ordinateurs portables et appareils saisis pour examen complémentaire. Le bureau de NewsClick à Delhi a été placé sous scellés. Auparavant, en 2021, NewsClick avait déjà fait l’objet d’une perquisition par la Direction de l’application des lois, principal organisme chargé d’enquêter sur les crimes relevant de la Loi relative à la prévention du blanchiment d’argent et la Loi sur la gestion des changes.

Newsclick est une plateforme de média numérique indépendant qui se montre critique à l’égard du gouvernement indien et traite régulièrement de sujets relatifs aux droits humains, tels que la promulgation de la Loi portant modification de la loi sur la citoyenneté, la répression des manifestations d’étudiants et d’agriculteurs et les violences à l’encontre des minorités.

Récemment, Amnesty International a publié une synthèse traitant du détournement et de l’instrumentalisation des lois, telles que la Loi relative à la prévention des activités illégales, qui ont été spécifiquement modifiées, condition préalable pour que l’Inde devienne le 34e membre du Groupe d’action financière (GAFI) – un organisme mondial chargé de lutter contre le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent.