Réagissant à l’engagement pris par les hôtes de la 28e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP28) de fournir « un espace où les défenseur·e·s du climat pourront se rassembler pacifiquement et faire entendre leur voix », Heba Morayef, directrice pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International, a déclaré :
« Le fait que les hôtes de cette réunion cruciale sur le climat aient ressenti le besoin de souligner qu’une certaine forme de liberté de réunion et d’expression serait autorisée pendant la COP28 met en évidence l’environnement normalement restrictif dans les Émirats arabes unis en matière de droits humains, et les limites sévères pesant sur les droits à la liberté d’expression et à la liberté de réunion pacifique.
« Aux Émirats arabes unis, l’opposition pacifique, qu’elle prenne la forme de l’expression, de l’association ou de la réunion pacifique, est fortement restreinte ou criminalisée, les réunions publiques nécessitent l’approbation du gouvernement, et des dizaines de personnes ayant critiqué le gouvernement sont en prison. Au lieu de prévoir une exception liée à cette réunion de deux semaines, les Émirats arabes unis devraient supprimer ces restrictions de manière définitive, ainsi que les nombreuses autres limitations qu’ils imposent sur le terrain des droits humains, et se racheter pour les abus antérieurs.
« On ne sait toujours pas exactement ce que les autorités des Émirats arabes unis permettront, ni si une manifestation publique des participant·e·s, comme cela se produit généralement durant le week-end du milieu de la COP dans la ville d’accueil, pourra avoir lieu.
« Lors de la précédente réunion de la COP, en Égypte l’année dernière, l’espace dévolu aux actions de protestation était totalement inadapté, et la réunion a été précédée de mesures de répression et d’arrestations par les forces de sécurité.
« Amnesty International est convaincue que la réunion de la COP28 doit être totalement inclusive et laisser toutes les parties exprimer librement leur point de vue. Il faut notamment permettre aux Émirien·ne·s et aux participant·e·s internationaux de protester et de critiquer les entreprises et les autorités, y compris le gouvernement émirien. Nous verrons si l’engagement des Émirats arabes unis est plus qu’une promesse creuse.
« L’accord entre les Émirats arabes unis et les Nations unies établissant le cadre juridique de l’organisation et de l’accueil de la COP28 doit être rendu public immédiatement. Des lois nationales draconiennes s’appliqueront à l’extérieur du site de l’ONU, ce qui alimente les craintes relatives à la sécurité des personnes souhaitant s’exprimer sur le changement climatique, la conférence ou le gouvernement des Émirats arabes unis. »
« La COP28 ne débouchera pas sur les mesures ambitieuses requises afin d’éviter une catastrophe climatique si les lois de l’État hôte restreignent la liberté d’expression et de réunion pacifique et étranglent la société civile. »
Complément d’information
La COP28 doit se tenir à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre 2023. La présidence de la COP28 et les organisateurs des Nations unies, la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, ont publié une déclaration sur l’accord en matière d’accueil le 1er août.
Le bilan des Émirats arabes unis sur le plan des droits humains est désastreux. Cela fait plus de dix ans que les autorités des Émirats arabes unis ont condamné 60 membres de la société civile émirienne à de lourdes peines de prison lors d’un procès de masse. Aucune de ces personnes n’a été libérée, bien que 55 d’entre elles aient purgé leur peine.