Les autorités nigérianes doivent sans attendre prendre des mesures concrètes pour se préparer aux crues et en atténuer les conséquences potentielles afin d’éviter une répétition des inondations meurtrières de l’an dernier, qui ont tué plus de 612 personnes, a déclaré Amnesty International vendredi 21 juillet.
Le gouvernement fédéral et ceux des États à haut risque doivent de toute urgence faire preuve d’anticipation en cartographiant les zones inondables et en émettant des alertes précoces dans les régions les plus exposées. Les populations régulièrement confrontées aux inondations doivent disposer de toutes les informations utiles pour savoir comment se préparer efficacement à faire face à ces événements. Un plan d’intervention d’urgence axé sur la protection des personnes doit être mis en place, en prévoyant des voies d’évacuation, des équipes de recherche et de sauvetage suffisamment formées, des services d’urgence et des canaux de communication dans les 32 États où le ministère fédéral des Ressources en eau a déclaré un « risque élevé d’inondation »
« Avec la saison des pluies de cette année qui prend déjà de l’ampleur, le temps commence à manquer. Les autorités ont tout de même encore une chance de mettre en place des plans exhaustifs de préparation aux risques de catastrophe naturelle afin de protéger des vies et des sources de revenus. Alors que le ministère fédéral des Ressources en eau, l’Agence nationale de gestion des urgences (NEMA) et l’Agence des services hydrologiques du Nigeria ont déjà averti du risque de graves inondations, il est urgent que le gouvernement agisse pour protéger les droits humains », a déclaré Isa Sanusi, directeur par intérim d’Amnesty International Nigeria.
En octobre 2022, de graves inondations au Nigeria ont fait 612 morts et 2 776 blessés. Elles ont également déplacé 1,4 million de personnes à l’intérieur du pays et endommagé plus de 300 000 habitations et 569 000 hectares de terres agricoles, notamment dans les États d’Adamawa, de Jigawa, de Taraba, de Kano, de Bauchi, du Niger, d’Anambra et d’Ebonyi.
« Notre enquête montre que les conséquences dévastatrices des inondations de l’an dernier ont renforcé les inégalités existantes et plongé les personnes déjà défavorisées dans une pauvreté encore plus grande. La destruction de récoltes menace la sécurité alimentaire, car la plupart des agriculteurs qui ont perdu leurs produits n’ont pas reçu de graines ni d’autres aides du gouvernement qui auraient pu les aider à se remettre de cette catastrophe. Sans accès à ces ressources, les agriculteurs pourront difficilement retrouver leurs niveaux de productivité d’avant et risquent de ne pas pouvoir répondre aux besoins alimentaires du pays, a déclaré Isa Sanusi.
« Étant donné que de nombreuses personnes dans les États d’Adamawa, d’Anambra, de Jigawa, de Bayelsa et d’Ebonyi ne se sont pas encore remises de l’impact des inondations de l’an dernier et ne peuvent pas continuer leur activité, la dévastation causée par cette catastrophe nous suit toujours. En plus de mettre en danger des vies, les graves inondations endommagent également des infrastructures, comme cela a été le cas dans les États de Kogi et de Bayelsa, et détruisent des terres agricoles, ce qui s’est passé dans ceux de Jigawa et d’Adamawa, si bien que les chaînes d’approvisionnement alimentaire sont touchées tant au niveau local que national. »
Le Nigeria, en tant que partie au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC), a l’obligation de respecter et de promouvoir les droits de toutes les personnes sans discrimination et de garantir un niveau de vie décent en assurant l’accès à une nourriture suffisante, au logement, aux soins médicaux et à l’éducation.
« Les inondations peuvent être causées par une multitude de facteurs, mais l’élévation des températures liée au changement climatique entraîne un risque accru de précipitations extrêmes. Des millions de Nigérians et de Nigérianes ont déjà été appauvris par les phénomènes météorologiques extrêmes provoqués par le changement climatique. Leurs droits à la vie, à la santé, à l’eau et à des installations sanitaires sont gravement affaiblis. Les autorités doivent vraiment faire beaucoup plus d’efforts pour mettre en place des mesures de réduction des risques de catastrophe et d’adaptation au changement climatique qui soient adaptées et respectueuses des droits humains afin de protéger la population au Nigeria », a déclaré Isa Sanusi.
Complément d’information
En février, le ministère fédéral des Ressources en eau du Nigeria a annoncé qu’au moins 32 États étaient exposés à un risque d’inondation cette année. En mars, l’Agence nationale de gestion des urgences (NEMA) a diffusé une « alerte aux graves inondations ».
En février et en mars, l’Agence des services hydrologiques du Nigeria a en outre indiqué qu’il était « prévu qu’au moins 178 zones de gouvernement local dans 32 États de la fédération, ainsi que le Territoire de la capitale fédérale, subissent de graves inondations en 2023. »